La situation est alarmante, la région de Maâtkas est à sa huitième personne kidnappée. Un entrepreneur, originaire de Maâtkas, connu sous le pseudonyme de Moh Ou Babass, a été enlevé dimanche, aux environs de seize heures sur le CW 147 reliant Tizi Ouzou à Mechtras en passant par Maâtkas. C'est le huitième kidnapping pour la seule région de Maâtkas. L'entrepreneur enlevé, âgé d'environ 55 ans, habite la région de Ifekrane entre Souk El Khemis et Souk El T'nine dans la daïra de Maâtkas. Il est marié et père d'enfants majeurs. B.M. a été déjà racketté dans les années 99. Les terroristes lui auraient, à l'époque, soutiré sous la menace de leurs armes, une vingtaine de millions de centimes. Il semble que l'entrepreneur a été enlevé, sur le CW 147 au lieudit Tizi Illilane alors qu'il circulait à bord de son véhicule. Emmené par les ravisseurs vers la forêt d'Amjoudh, semble-t-il, le véhicule a été par la suite récupéré. Aucune rançon n'a été demandée. Selon des sources, la «liste» des gens à enlever, serait assez longue car les terroristes qui ont apparemment besoin d'argent rencontrent beaucoup de difficultés en Kabylie. En effet, rares sont les personnes qui paient la dîme aux terroristes. De ce fait, ces derniers ont recours à ce procédé pour renflouer leur trésorerie. Enlèvements, attaques d'institutions financières telles les postes et les agences bancaires, remplacent en somme les «dîmes» qui ne sont pas payées. Maâtkas est «choisie» comme cible pour plusieurs raisons. D'abord, du fait de l'absence des forces de sécurité hormis la Sûreté de daïra, sise à Souk El Khemis et la BMPJ toujours à Souk El Khemis ainsi que deux postes de la garde communale, l'un à Souk El Khemis et l'autre à Souk El T'nine. Maâtkas, une vaste daïra comprenant plusieurs villages, est entourée de maquis et massifs de Boumahni, d'Amjoudh et d'El Maj, sans oublier que dans la plupart des villages, les populations sont souvent sans défense aucune face aux hordes assassines. Le seul cantonnement militaire existant sur le territoire de la commune étant le poste avancé situé au niveau du pont noir sur le CW 128 et un autre toujours sur le CW 128 à l'embranchement du CW 128 et de la RN25 à environ une dizaine de kilomètres au sud à la ville de Draâ Ben Kedda. Hormis ces deux postes militaires et ceux de la police établis à Souk El Khemis et les deux casernements de la garde communale, les forces de l'ordre sont absentes dans cette daïra. Le reste et principalement le chapelet de villages et de hameaux qui s'égrènent sur le massif central kabyle semble sans défense. Une situation que les terroristes ont tendance à exploiter en s'aventurant à visage découvert et souvent en plein jour et en s'offrant le luxe, comme lors de l'incursion de Aïn El Hammam, vendredi dernier, quand les assaillants disaient aux commerçants et aux citoyens «de ne pas avoir peur qu'ils ne visent que les forces de sécurité»! Il semble que la Kabylie a besoin de plus de protection car la région est en train d'agoniser.