Sa manne financière estimée à 110 milliards de dollars atteindrait à peine 75 milliards d'euros. L'érosion du dollar face à la monnaie unique européenne provoque un sérieux manque à gagner pour les pays exportateurs de pétrole et à leur tête, l'Algérie. La FED, la banque fédérale américaine qui est venue à la rescousse de son économie en diminuant les taux d'intérêt aux Etats-Unis, a provoqué des effets collatéraux: elle a affaibli le dollar. La devise américaine est en perdition face à sa rivale européenne. La sévère glissade du billet vert face à l'euro s'est transformée en une dégringolade ininterrompue. La monnaie unique européenne a inscrit un nouveau record jeudi face à la devise américaine. 1 euro était échangé à 1,5345 dollar. Le matelas financier, qui a dépassé les 110 milliards de dollars, engrangé par l'économie algérienne grâce aux exportations de ses hydrocarbures, atteindrait approximativement les 75 milliards d'euros. L'Algérie qui ne cesse d'importer massivement des produits de consommation essentiellement libellés en euros, enregistrerait un manque à gagner assez conséquent. L'addition risque d'être fortement salée. Dans sa dernière lettre mensuelle, la mission économique de l'ambassade de France à Alger cite le chiffre de 47 milliards de dollars qui constituera la facture des importations algériennes d'ici à l'horizon 2012. De 2007 à 2008, les importations en Algérie devraient connaître une hausse estimée à 32%. Pour l'année 2008 elles sont estimées à 32 milliards de dollars. Et si l'on croît un rapport du Fonds monétaire international (FMI), l'économie algérienne demeurera encore pour au moins quatre ans tributaire de ses hydrocarbures qui assurent 98% de ses exportations. En l'absence d'une économie productrice de richesses, il faut se contenter pour l'instant de cette manne providentielle. Et ce n'est certainement pas le moment de faire la fine bouche. Les prix de l'or noir volent de record en record. Pour la première fois à Londres, le baril de Brent de la mer du Nord a atteint la barre des 103 dollars. Cela s'est passé hier. A New York, le baril de Light sweet crude a frôlé la barre des 106 dollars jeudi. Il a toutefois enregistré un nouveau record à 105,97 dollars. Le marché pétrolier était tenu en haleine par la décision de l'Opep, qui s'est permis le luxe de s'inviter à la campagne électorale américaine. G.W.Bush et l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), se sont affrontés à fleurets mouchetés. Le président américain s'est montré fort déçu par la décision de Vienne. «Il ne pense pas que cela soit une bonne idée pour les pays de l'Opep de voir leurs plus gros clients, comme les Etats-Unis, accuser un ralentissement économique en partie à cause des prix de l'essence élevés», a déclaré la porte-parole de G.W.Bush, Dana Perino. L'Opep, par la voix de son président, M.Chakib Khelil, n'a pas hésité à lui renvoyer la balle, il a dénoncé la «mauvaise gestion» de l'économie américaine. Le ministre algérien de l'Energie et des Mines a estimé que «des taux d'intérêt plus faibles aux Etats-Unis pour redynamiser l'économie entraîneraient un dollar plus faible et plus de forces spéculatives sur le marché pétrolier». Les marchés pétroliers en hausse, s'ils ont été stimulés par la baisse du dollar, ne s'attendaient pas à une autre surprise. Les stocks pétroliers qui étaient en nette hausse pendant sept semaines, ont connu une sévère baisse. Les réserves américaines de Brent qui se sont nettement reconstituées ont fondu de 3,1 millions de barils la semaine dernière. Et pour clore le tableau, les tensions géopolitiques constituent l'autre terreau favorisant l'envolée des prix du pétrole. Une conjoncture qui risque encore de faire la part belle durablement au baril de l'or noir.