Quelles seront les conséquences sur les cours de l'or noir et les recettes engrangées par l'Algérie grâce à ses exportations pétrolières? Les pronostics sont ouverts. On a beau crier sur tous les toits que le système bancaire algérien est déconnecté du système financier international, cela est incontestable. Une situation qui aurait comme vertu de la mettre à l'abri des turbulences que vivent actuellement les places boursières mondiales. La réalité est cependant tout autre. L'onde de choc subie par les marchés financiers internationaux a eu des effets extrêmement marqués qui ont sérieusement affecté les cours de l'or noir. Les prix du pétrole libellés en dollar baissent dès que la devise américaine reprend le dessus sur la monnaie unique européenne. L'euro s'est échangé en cette fin de semaine à 1,26 dollar. Un niveau qu'il n'avait pas enregistré depuis plus d'une année, conséquence de la crise budgétaire grecque et sur fond de craintes que cette dernière ne face tache d'huile au niveau d'autres pays européens. «C'est toujours la même histoire: l'euro reste sous pression, et le renforcement du dollar met les cours de l'énergie sous pression», a expliqué l'analyste de Round Earth Capital. Les prix du pétrole ont effectivement très sévèrement chuté. Le baril qui pointait à plus de 86 dollars, à New York, en fin de semaine dernière, a clôturé à 75,11 dollars vendredi. Sur le Newyork Mercantile Exchange (Nymex), le baril de «Light Sweet Crude» a reculé durant quatre séances consécutives perdant près de 13% de sa valeur, soit 11,08 dollars en l'espace d'une semaine. Si cette hémorragie venait à se prolonger, cela pourrait mettre en sérieuse difficulté l'économie algérienne qui dépend à plus de 98% de ses exportations en hydrocarbures. Elle risque même d'en payer le prix fort si un certain seuil estimé critique venait à être franchi. «A partir de 55 dollars cela croît mal, à moins 50 dollars cela croît très mal», avait déclaré le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, lorsque les prix du brut se sont effondrés en 2008. La marge, même si elle demeure importante encore, peut fondre comme neige au soleil. Le syndrome du second semestre de l'année 2008 est encore présent dans les mémoires. Les prix du pétrole qui avaient atteint le record historique de 147 dollars au mois de juillet 2008, ont perdu en l'espace d'à peine 5 mois pas moins de 115 dollars pour afficher 32,40 dollars au mois de décembre 2008. Ce qui n'a pas empêché cette année-là l'Algérie d'engranger une manne financière de 78 milliards de dollars. Ce fut une toute autre histoire en 2009 où les revenus pétroliers n'ont atteint que 44,3 milliards de dollars, soit une chute de 42% par rapport à l'année précédente. En ce qui concerne l'année 2010, l'Algérie table sur des revenus qui oscilleraient autour des 50 milliards de dollars. Un objectif qui devrait être largement atteint si les cours de l'or noir se maintenaient dans une fourchette comprise entre 70 et 75 dollars. Des prix estimés «satisfaisants» par les pays membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole, (Opep). La crise budgétaire grecque qui a affecté les places boursières européennes risque de se répercuter aussi sur la demande pétrolière. «Le gouvernement (grec) va réduire ses dépenses et augmenter les taxes, cela fait autant d'argent en moins dans la poche du consommateur, et réduit donc la demande pour les produits pétroliers», a estimé Andy Lipow, de Lipow Oil Associates. Quelle va être la conséquence sur les cours de l'or noir et les recettes engrangées par l'Algérie grâce à ses exportations pétrolières? Les pronostics sont ouverts.