Le directeur de la Centrale du renseignement américain, a admis pour la première fois en février que la CIA avait eu recours à la simulation de noyade sur trois suspects. Le président américain, George W.Bush, a indiqué hier avoir opposé son veto à un texte qui interdirait de facto à la CIA de recourir à des méthodes d'interrogatoire dénoncées par leurs détracteurs comme de la torture, telle la simulation de noyade. Le Congrès, où les adversaires démocrates de M.Bush sont majoritaires, a définitivement adopté en février un texte de financement dont une disposition contraindrait les services de renseignement à se conformer au manuel des règles d'interrogatoire imposées aux militaires et proscrivant le recours à la force en interrogatoire. Mais le texte n'a été approuvé que par une petite majorité du Sénat, rendant très improbable que le Congrès puisse surmonter le veto présidentiel et réunir les deux tiers de voix nécessaires dans les deux chambres pour que le texte entre dans la loi sans la signature de M.Bush. «Al Qaîda reste déterminée à attaquer de nouveau l'Amérique (...). Parce que le danger persiste, nous devons veiller à ce que nos services de renseignement aient les outils nécessaires pour arrêter les terroristes», a dit M.Bush dans son allocution radiophonique hebdomadaire. Le texte que le Congrès lui a soumis pour promulgation «réduirait ces outils essentiels. Donc j'y ai mis mon veto aujourd'hui», a-t-il dit. Cette loi saperait le programme confidentiel de détention et d'interrogatoire de la CIA, a dit M.Bush. Ce programme très controversé a permis de déjouer de nombreux attentats aux Etats-Unis et à l'étranger en collectant des informations «essentielles» grâce à des «techniques sûres et légales» appliquées sous «supervision attentive» à «un petit nombre des plus dangereux terroristes», a-t-il dit. Le manuel militaire a été conçu pour des combattants «légaux» capturés sur le champ de bataille, pas pour des terroristes «endurcis», a dit M.Bush. Il est «aisément accessible sur Internet» et, selon M.Bush, les membres d'Al Qaîda se sont entraînés à résister à ces techniques. Une nouvelle fois, M.Bush ne dit pas quelles méthodes emploie la CIA. Le directeur de la Centrale du renseignement américain, Michael Hayden, a admis, pour la première fois en février, que la CIA avait eu recours à la simulation de noyade sur trois suspects, dont Khaled Cheikh Mohammed, cerveau présumé des attentats du 11 septembre, mais qu'elle n'avait plus été utilisée depuis environ cinq ans. La Maison-Blanche a indiqué que les Etats-Unis pourraient à nouveau recourir à la simulation de noyade s'ils l'estimaient nécessaire. Mais elle assure que toutes les méthodes employées par la CIA sont légales et que les Etats-Unis ne pratiquent pas la torture. La technique de la simulation de noyade consisterait généralement à couvrir d'un linge le visage de l'individu interrogé et à y déverser de l'eau jusqu'à donner l'impression de noyade. Les méthodes de lutte contre le terrorisme donnent lieu depuis des mois à un débat passionné aux Etats-Unis. Les candidats démocrates disent faire de la restauration des valeurs américaines et de l'image des Etats-Unis dans le monde un enjeu de la présidentielle de novembre. Le combat antiterroriste suscite un autre conflit entre M.Bush et le Congrès, sur la possibilité d'espionner, sans mandat spécifique d'un juge, les appels et les courriers électroniques entre les Etats-Unis et l'étranger si le soupçon terroriste existe.