En 2003, une coupure d'électricité a coûté la vie à trois malades alors qu'ils se trouvaient dans un état comateux au niveau du service de réanimation. Coup de bistouri. Amar Tou passe à l'acte. De pathologie en pathologie, le Centre hospitalo-universitaire d'Oran agonise. Il vient de subir une autre ablation. Un médecin de garde et un infirmier y exerçant ont été suspendus, avant-hier, de leurs fonctions à la suite de l'enquête menée par une commission dépêchée par le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière. L'opération «chirurgicale» a pour but de détecter la gangrène infectant l'hôpital d'Oran. Les analyses ont démontré que les deux «agents pathogènes», praticiens suspendus, n'ont pas assuré convenablement leurs fonctions alors qu'ils étaient censés assurer l'immunologie de garde. Le secteur sanitaire d'Oran semble devenir un milieu de culture de «bactéries» et de «parasites». Le CHU d'Oran est souvent mis à l'index. Le laisser-aller est constant, déplorent les malades. Des situations qui laissent perplexes plus d'un. La délégation ministérielle aura à faire un diagnostic exhaustif. Pour ce faire, les membres de la commission d'enquête ont improvisé un scénario digne des films policiers à la hollywoodienne. Ils se sont présentés en tant que malades aux urgences médicales et chirurgicales. Sommés de prendre place parmi les patients, les enquêteurs ont obtempéré aux «ordres» du personnel de garde. Faisant mine de souffrir, ils se sont mis à guetter du coin de l'oeil les négligences et le laisser-aller, devenus, pratiquement, monnaie courante. D'ailleurs, dans leur rapport, ils n'ont pas omis de dénoncer ces pratiques, notamment la mauvaise prise en charge des patients. Le traitement de choc préconisé, à base d'antibiotiques, a eu un effet instantané. Deux «agents» viennent d'être rendus inactifs. Un médecin et un infirmier suspendus sur le champ. Une première dans les annales du CHU d'Oran. «C'est un signe augurant le réveil des pouvoirs publics» atteste-t-on dans les milieux du secteur de la santé. En effet, le CHU d'Oran, est devenu «un Far-West» en plein centre urbain. A chacun sa logique et sa politique. Chacun agit à sa guise et gère à sa manière. Des nominations et des suspensions sont légion. En moins de trois ans, plus d'une douzaine de directeurs généraux se sont succédé à la tête de cette institution sanitaire. En vain. Le dernier n'était autre que le professeur Attar «relevé» de ses fonctions en 2006. Une décision restée à ce jour inexpliquée. Les accidents et les incidents à l'intérieur du centre sont proportionnels au nombre de malades admis. En 2003, une coupure d'électricité a coûté la vie à trois malades alors qu'ils se trouvaient dans un état comateux au niveau du service de réanimation. Un tapage s'en est suivi. Le professeur Mourad Redjimi, alors ministre de la Santé, s'est déplacé en personne. Un directeur et un technicien ont été limogés. Un simple sédatif de plus. L'effet atténué, l'hôpital replonge dans le coma. En été de l'année 2004, une odeur nauséabonde se dégageant du côté de la morgue empestait l'air. A l'origine, les tiroirs de conservation des cadavres étaient défectueux. Il a fallu que la presse se fasse l'écho de cette situation pour que les responsables daignent procéder à la maintenance. Autre traitement de choc «temporaire». Ces différentes «maladies» ne font qu'accentuer les querelles intestines entre les différents praticiens affiliés aux différents syndicats. Laissant de côté les véritables revendications liées aux salaires, au statut particulier et aux conditions de travail, le personnel du CHU semble beaucoup plus intéressé par la gestion des oeuvres sociales. «Pour un démodulateur numérique, le mouton de l'Aïd ou encore un service à café, l'hospitalisation d'un patient risque d'être remise aux calendes grecques» affirme un médecin. A Oran, la santé est malade. Elle nécessite une refondation totale. Les mentalités sont figées. Gageons que la décision prise, cette semaine, par le département de Amar Tou, ne soit pas une simple opération d'esthétique.