Il y a 46 ans, à la signature des Accords d'Evian, Mouloud Feraoun était assassiné par un commando de l'Organisation armée secrète (OAS). L'association culturelle Assirem de Taourirt-Aden, de la commune de Mekla, en collaboration avec le comité du village, et sous l'égide de la direction de la culture de la wilaya de Tizi Ouzou, vient de s'illustrer par l'organisation d'une manifestation d'envergure, et pas des moindres, en célébrant, jeudi 13 mars, le 46e anniversaire de l'assassinat de l'écrivain Mouloud Feraoun. Da l'Mulud est né le 08 mars 1913 à Tizi Hibel, Grande Kabylie, de son vrai nom Aït Chabane. Feraoun étant le nom attribué par l'état civil français. Il fréquente l'école des indigènes à partir de l'âge de 7 ans. En 1928, il est boursier à l'Ecole primaire supérieure de Tizi Ouzou. Il entre à l'Ecole normale de Bouzaréah en 1932. En 1935, il est nommé instituteur à Taourirt-Aden. En 1946, il est muté à Taourirt-Moussa. En 1952, il est nommé directeur du cours complémentaire de Fort-National. Il quitte la Kabylie pour les hauteurs d'Alger, pour occuper le poste de directeur de l'école Nador de Clos-Salembier. En 1960, il est inspecteur des centres sociaux. Mouloud Feraoun a commencé son premier roman autobiographique, Le Fils du pauvre, en 1939, actuellement traduit en 25 langues. A cette occasion, tout le monde est invité à venir signer de sa présence, sur la place du village. Etaient présents ses anciens collègues, anciens élèves, hommes de culture et politiques, sa famille, ses proches et tous ces villageois en grand nombre qui sont venus rendre hommage à ce grand homme pour conter son passage dans cette région. Le lancement de cet événement a été ponctué par l'organisation d'une série d'interventions. La première a été celle donnée par M.Ali Feraoun, qui avait remercié l'assistance pour l'intérêt qu'elle porte pour ce grand écrivain qui n'est autre que son père. «Voilà donc plus de soixante-treize ans que Mouloud Feraoun partit, par un temps de mars, sans doute semblable à celui-ci, pour être parachuté sur la terre de Taourirt-Aden, et devenir le premier instituteur d'un village de la nuit. Ce village, qui était à la recherche du savoir en construisant une école avec seulement la volonté des villageois en 1934, qui reste, actuellement, un patrimoine et un repère pour les générations futures. Sans la cérémonie d'aujourd'hui, combien d'entre nous sauraient son passage dans ce village assoiffé du savoir?», a expliqué le président du comité du village. Le cycle des interventions a continué pendant un bon bout de temps, avec notamment MM.Saâdi Hadibi, Mahfoud Belabbès de l'APW, et le vice-président de l'APC de Mekla, qui témoignent de leur soutien dans ce genre d'initiative. Bidi Amara, Serkhane, Kemmal...et anciens élèves et collègues, ont témoigné aussi de leurs gratitude, souvenirs et histoire d'un combat séculaire d'un grand homme nommé Da l'Mulud. «De toutes les disciplines, l'histoire est sans doute celle qui peut le moins se prétendre au-dessus de tout, parce qu'elle ne peut se contenter de collecter et rassembler des "faits bruts", mais doit les ordonner et les interpréter selon des critiques et des analyses bien précises», a lancé Abdeslam Abdenour. Ajoutant que «c'est dans son Journal que toute la puissance et la dimension de l'humaniste s'exprimeront et se révéleront. Son analyse futuriste sur l'avenir de l'Algérie indépendante restera comme un message annonciateur. Il anticipera sur les événements dramatiques que nous vivons aujourd'hui, lorsqu'il déclara dans le même ouvrage que "vos ennemis de demain seront pires que ceux d'aujourd'hui"». Les activités se sont poursuivies durant toute la journée du jeudi, sur la place du village. Le programme comporte une exposition de livres, notamment ceux signés par l'auteur, une exposition d'objets traditionnels et même un documentaire ayant trait au parcours de l'auteur, mais malheureusement annulé à la dernière minute parce que la direction de la culture n'a pas mis à leur disposition le matériel adéquat promis. Il est probable que cette référence ait fait partie de la construction des nouveaux «héros de la patrie», tout comme cet homme qui est parti de rien, mais ses convictions l'ont rendu Grand.