L'attaque contre les officiers supérieurs de l'ANP a été qualifiée de très grave. Les trois derniers attentats terroristes perpétrés cycliquement dans la région de Jijel, renseignent, à plus d'un titre, sur un sérieux regain de l'activité terroriste. Qualifiés de très graves par des sources sécuritaires, ces attentats ont pour objectif de semer la panique, d'une part, et de prouver la capacité de nuisance du terrorisme, d'autre part. Selon des sources, plus de cent terroristes, venus de divers horizons, écument la région. Les mêmes sources avancent, néanmoins, que la majorité du groupe sont des nouvelles recrues, de repentis et d'anciens détenus de droit commun, recrutés au sein même des prisons. La dernière opération de ratissage d'envergure menée dans la région remonte à l'été 2006. Elle s'était soldée par l'élimination de 53 terroristes à Settera. C'est dans cette même région que le sinistre Lamloum Sadek fut abattu en 2002 avec cinq autres terroristes. Il fut l'un des proches collaborateurs du tristement célèbre Antar Zouabri. Il avait activé à Alger avant d'être nommé émir à la tête du GIA à Jijel, en 1999. Sur un autre plan, la région avait, avant août 2006, enregistré le plus grand nombre de redditions après Skikda. Le retour des terroristes aux maquis de Jijel, connus pour leur dense végétation et leurs nombreuses caches datant de l'époque coloniale, est loin d'être fortuit, selon nos sources. Celles-ci estiment que le groupe dispose de gros moyens humains, financiers et logistiques. Aussi, craint-on le retour aux massacres collectifs. La région avait basculé dans une spirale infernale durant les années 1990, lors des activités de l'AIS de Madani Mezrag. Des dizaines de personnes étaient égorgées sous les yeux des membres de leurs familles. Après la trêve de 1996, le Groupe islamique armé (GIA) a pris le relais. Enfants, femmes, vieux étaient exécutés quotidiennement sans aucun état d'âme. Aujourd'hui, même si les massacres collectifs ont diminué, il n'en demeure pas moins que la région semble replonger dans la violence armée. Les vrais commanditaires, agissant au profit du Gspc, branche d'Al Qaîda au Maghreb islamique, sont, selon nos sources, tapis dans l'ombre. Ils évitent de s'impliquer directement dans l'action armée. Ils procèdent selon une stratégie discrète. Ils font appel aux repentis et aux bénéficiaires des dispositions de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale pour assurer la logistique. Si beaucoup ont repris le chemin des maquis, nombreux sont ceux qui activent dans des réseaux de soutien. Ces activistes, selon nos sources, sont plus dangereux qu'un terroriste armé. Nos sources ont précisé que les activistes du Gspc, traqués à Boumerdès, auraient décidé de se terrer dans la région de Jijel. Et d'ajouter que le Gspc compte même y installer son quartier général. Plusieurs faits le confirment. L'ampleur des derniers attentats, notamment celui contre un convoi militaire, le prouve. Ce qui renseigne sur la capacité logistique de ce groupe. La présence de hauts responsables de l'ANP dans la région est un autre indice qui conforte cette thèse. Après le général de corps d'armée, Gaïd Salah, c'est au tour du chef de l'Armée de terre, le général Tafer, de prendre part à la lutte antiterroriste dans la région. Lors de cette attaque terroriste, le chef de secteur de Jijel a été blessé. Des engins démineurs, des pièces d'artillerie ont été, d'emblée, mobilisés. Le bouclage hermétique habituel a été mis en place par les forces spéciales. La partie ouest de Jijel est actuellement isolée. Des caches, jadis occupées par l'AIS et le GIA, ont été complètement détruites par les forces héliportées, dépêchées sur les lieux en renfort. Pour échapper aux éléments des services en charge de la lutte antiterroriste, les terroristes pourraient tenter d'atteindre la région nord d'El Aouana ou Bordj Ethar. Pour l'heure, aucun bilan n'est avancé quant à l'opération de ratissage.