Les manifestants n'ont pas pu s'en approcher davantage, en raison des mines antipersonnel. Plus de deux mille personnes venues de plusieurs pays européens ont formé, hier une chaîne humaine, la première du genre, face à un tronçon du mur de séparation érigé par le Maroc au Sahara occidental, pour demander le démantèlement de ce «symbole de la colonisation». Initialement intitulée la «colonne des 1000» par ses organisateurs espagnols, cette initiative de solidarité avec le peuple sahraoui dans sa lutte pour l'autodétermination a dépassé son objectif en termes de participation. Des Espagnols, des Italiens, des Français, des Suisses et des Belges se sont alignés, main dans la main, sur plus d'un kilomètre, à Mahbès, dans le nord du Sahara occidental, à quelque 5 km du mur marocain, qui était visible à l'horizon ouest. Les manifestants n'ont pas pu s'en approcher davantage, en raison des mines antipersonnel que l'armée marocaine a enfouies par milliers le long de cet ouvrage militaire, qui coupe le Sahara occidental et son peuple en deux sur plus de 2700km. Ils étaient venus par avion charter de leurs pays respectifs et ont parcouru en véhicules tout-terrain la centaine de kilomètres séparant ce tronçon du mur marocain des camps de réfugiés sahraouis où ils ont passé une semaine. Membres essentiellement d'associations de la société civile, ils ont dénoncé dans des banderoles ce «symbole de la colonisation marocaine du Sahara occidental», qu'ils ont comparé au mur de séparation israélien en Cisjordanie. Ils ont également fustigé le rejet par le gouvernement marocain des mesures de confiance, notamment le déminage des terrains infestés, proposées par l'ONU lors du quatrième round des négociations de Manhasset (Etats-Unis) avec le Front Polisario, qui s'est achevé le 18 mars. Les manifestants européens ont également plaidé pour un «Sahara (occidental) libre», appelant à l'organisation dans les plus brefs délais du référendum d'autodétermination promis par l'ONU depuis plus de quinze ans. Ils ont, en outre, dénoncé la «violation par le gouvernement marocain des droits de l'homme dans les territoires sahraouis occupés, devenus une prison à ciel ouvert». Le mur de séparation marocain au Sahara occidental, que les Sahraouis qualifient de «crime de la honte», a été érigé en six étapes depuis le début des années 1980, pour tenter de stopper les attaques de l'Armée de libération populaire sahraouie (Alps), bras armé du Front Polisario. Quelque 160.000 soldats sont déployés le long de ce mur où sont installées 240 batteries d'artillerie lourde derrière plus 20.000km de barbelés et quelque 6 millions de mines antipersonnel, selon les estimations de l'Alps. Plusieurs manifestations ont eu lieu depuis 2004 devant des tronçons du mur marocain, mais la «colonne des 1000», initiative d'étudiants de l'université Complutense de Madrid, en est la plus importante.