Le chanteur populaire marocain Samy Al-Maghribi, de son vrai nom Salomon Amzellag, est décédé le 9 mars à Montréal à l'âge de 86 ans. De confession juive, Samy Al-Maghribi a, durant soixante ans, enrichi le patrimoine de la musique traditionnelle marocaine. Né en 1922 à Safi au Maroc, il s'installe avec sa famille quatre ans plus tard à Rabat. A l'âge de sept ans, il fabrique lui-même sa mandoline. Il quitte ses activités commerciales à 20 ans pour se consacrer entièrement au chant et à la musique. Il a interprété particulièrement les qçaïds (poèmes) de Sidi Kaddour Al Alami, de Benslimane et d'autres grands maîtres du malhoun. Samy rejoint une troupe de musiciens dans le quartier juif de la ville, où il apprend à jouer du Oud (luth). En 1955, il salue, par l'une de ses compositions, le retour triomphal de Mohammed V. A Paris, où il poursuit sa carrière, il crée sa propre marque de disques «Samyphone». Le succès de sa musique s'est étendu dans tous les pays du Maghreb. Il était influencé par le chanteur Salim Helali, qui était de la même génération que lui. En 1967, Sami El Maghribi devint rabbin de la synagogue hispano-portugaise. Ses nombreux admirateurs ont reçu la nouvelle comme un choc, craignant que leur idole ne délaisse à jamais le chant. Effectivement, il s'est abstenu de par ses nouvelles charges religieuses à apparaître en public comme artiste-chanteur avant qu'il ne se ravise et qu'il ne réponde par une chanson Sâlouni nnâs. A travers ses paroles, il voulait affirmer qu'il n'y avait point d'incompatibilité entre le culte et le chant profane. Il a tenu à le prouver dans les rares soirées qu'il a, depuis lors, animées. Celle de Paris et celle d'il y a une dizaine d'années au Théâtre Mohammed V aux côtés de Raymonde al Badawiyya et de Abdelhadi Belkhayat sont venues l'attester. Samy Al Maghribi s'est distingué par une foisonnante production qui a enrichi le patrimoine de la musique traditionnelle marocaine et maghrébine, notamment andalouse et gharnatie. Parmi les chansons qui lui ont valu la célébrité, figurent Bensoussan, poème écrit par Benyechou ainsi qu'al-Kawi et Mal hbibi malou. Son répertoire très varié est composé de reprises de chansons traditionnelles, devenues très populaires, telles Kaftanek mahloul ya lala et des compositions d'un style plus personnalisé. Samy Al-Maghribi était père d'un garçon et de cinq filles qui l'ont accompagné dans un bon nombre de ses oeuvres musicales.