Remous au sein de l'institution douanière. La machine machiavélique des barons des conteneurs et les veilleurs à l'ordre reviennent en force. Réformes engagées, omerta brisée depuis peu, accompagnées d'une lutte antifraude basée sur les enquêtes a posteriori, ainsi que le transfert de certains dossiers contre des syndicalistes véreux tout cela n'a pas laissé indifférents les barrons. Des «têtes gênantes» seraient déjà mises à prix à partir de certains ports étrangers connus pour leurs étroites accointances avec le grand trafic avec Alger. La guerre est bel et bien déclarée. Désormais à visages découverts. Une guerre qui promet d'être très visible à travers les relais médiatiques traditionnels. Deux gouttes auraient fait déborder le vase, après l'annonce des nouvelles reformes: le limogeage de la directrice de la Douane au niveau de l'aéroport Houari-Boumediene, et l'annonce par la nouvelle direction de la mise en place des mesures de contrôle draconiennes a priori et a posteriori. Depuis, la traque menée contre les différentes formes de fraudes douanières en matière d'espèce et d'origine a tout de suite fait réagir les cercles mafieux et leurs relais syndicaux et médiatiques. Il en est de même avec ceux qui ont bénéficié des avantages très controversés de l'Agence de promotion et de suivi des investissements (Apsi) durant les dix dernières années de braise et de sang qu'a traversées le pays. Ces cercles, affirment des sources concordantes, auraient utilisé des sommes colossales pour importer des produits finis pour la consommation en lieu et place des parties destinées initialement à l'investissement, ce qui leur permettait de contourner le fisc et d'engranger d'énormes bénéfices loin de servir à des projets d'investissement. Ce sont d'ailleurs les mêmes cercles désignés, à plusieurs occasions, par Bouteflika, qui a affirmé que ceux-là ont fait des lois sur mesure pour s'enrichir. Plus graves encore, plusieurs Algériens, affirment les mêmes sources, ayant profité des crédits à travers le régime Apsi, auraient plié bagage dans des zones off-shore et utilisé l'argent pour la création de relais de commercialisation de produits contrefaits ou de qualité douteuse vers l'Algérie. Les choses ne s'arrêtent pas là. Ces mêmes produits sont validés par des certificats d'origine soumis à un trafic immense à partir de certains ports européens. Une combine idéale pour le blanchiment de l'argent. En effet, une réunion regroupant des cadres de la direction générale des Douanes avec certains représentants de son environnement, a eu lieu il y a quelques mois au cours de laquelle le représentant de l'Apsi a été prié de fournir les explications nécessaires sur le suivi des investissements, cela aidera sans aucun doute à cerner la liste des bénéficiaires et à identifier la destination de sommes dont ont bénéficié les pseudoinvestisseurs. Cette mesure s'annonce d'ores et déjà difficile, puisque pas mal d'entre eux ont dû changer les statuts juridiques de leurs sociétés afin de contourner la réglementation. Des masques tomberont-ils dans les jours qui viennent? Un certain désarroi est déjà perceptible dans des cercles jusqu'à aujourd'hui occultes, qui, obligés de sortir de leurs trous par peur d'accuser des pertes faramineuses que pourra engendrer cette nouvelle politique, auraient déterré leur hache de guerre. Reste à savoir si les dossiers déterrés seront traités en justice, avec des centaines d'autres oubliés dans les tiroirs, ou tout simplement serviront comme moyens de pression politico-financiers sans voir pour autant des sanctions et des changements avant que l'économie nationale ne soit livrée pieds et poings liés à un marché mondial impitoyable et extrêmement miné.