L'Arpa, des rengaines de revendications et une avant-première un peu décevante. Alors qu'on s'attendait à voir deux films en avant-première, on en annoncera qu'un seul. Voyage à Alger de Abdelkrim Bahloul est reporté à une date ultérieure. Le public venu nombreux a eu à apprécier ainsi La dernière solution de Rachid Benallal. Une société dans l'arrière-pays, qui se surveille. C'est l'inquisition. Un père irresponsable néglige son fils qui finit par avoir la polio. Mais ce dernier ne s'avouant pas vaincu par la maladie, cultive son don et devient un grand artiste-peintre. C'est le synopsis de ce film dont l'avant-première a eu lieu mardi dernier dans le Panorama du cinéma, entrant dans le cadre de «Alger, capitale de la culture arabe». L'histoire commence en 1972 et se termine avec la montée de l'intégrisme en 1992. Le film brasse un portrait divers de cette Algérie qui se noie entre fanatisme et escroquerie ou blanchiment d'argent de tout genre. Dans la distribution des rôles, on retrouve Hamid Ghemas dans le rôle du père qui s'adonne à l'alcool et qui, en passant une fois la nuit dans une mosquée, retrouve tout d 'un coup la voie du Seigneur, aussi Fouad Boutaleb, Rania Sirouti dans la peau de la mère, Bendaoud Mohamed Seghir dans le rôle de ce fils handicapé qui refuse la main tendue de la France et préfère rester dans son pays et enfin Ahmed Benaïssa dans la peau de ce magouilleur richissime. Un patchwork sociodramatique qui fera appel à un casting de comédiens des plus éclectiques. On retrouve, en effet, aussi la célèbre Messaoudi Idami, la responsable du Ballet national, dans ce rôle de composition pas si loin de son parcours, celui d'une grande danseuse, déchue qui devient vagabonde...Un film complexe, qui nous laissera finalement perplexe. Ces raccourcis et digressions nous font par moments perdre le fil de cette histoire, ô combien émouvante, mais qui se perd dans les méandres de la narration et d'un scénario trop élastique, à force de trop ou ne pas faire et dire...C'est un peu trop la confusion. Certains personnages sont parachutés on ne sait comment. Le scénario est signé Nadia Drablia et l'écrivain de Maintenant, ils peuvent venir, Arezki Mellal. Deux mains pour une seule écriture, on ressent un peu le malaise. Au cours de cette journée, l'Association des réalisateurs algériens (Arpa) entamait son séminaire de deux jours par un thème des plus importants, le financement et ses sources dans le domaine de l'industrie cinématographique. Nous apprendrons par le directeur de la culture de Boumerdès, qu'il existe un moyen «en hibernation» celui d'un fonds, aujourd'hui géré par la DGS seulement depuis que la culture y a été exemptée. «Or, 7% des recettes de chaque wilaya sont versées directement dans ce fonds. On pourrait financer aussi des films avec cet argent...», dira-t-il avec dépit. La réglementation des activités audiovisuelles et cinématographiques a fait quant à elle l'objet d'une communication, au cours de l'après-midi par M.Liamne Merbah, ex directeur de l'Enpa et président de la commission de lecture, cette année, au commissariat de «Alger, capitale de la culture arabe». Revenant sur l'historique de la réglementation cinématographe, depuis la naissance du cinéma en France jusqu'à aujourd'hui en Algérie, M.Merbah décrira l'anarchie qui prévaut dans le domaine de la production algérienne où n'importe qui peut prétendre faire du cinéma pour peu qu'il ait un registre du commerce. Il exhortera ainsi les gens du métier et ceux du ministère de la Culture à appliquer la première loi en référence à l'ordonnance de 67/68, de façon à baliser ce terrain, tombé en jachère depuis l'avènement du libéralisme et remettre de l'ordre dans ce secteur où n'importe qui fait n'importe quoi. «La réglementation, ce n'est pas seulement des lois, c'est aussi un syndicat des travailleurs. On est là pour demander au ministère de la Culture de mettre en place des règles. C'est à lui de donner l'agrément, de façon à savoir après qui va produire, qui va exploiter, et qui va distribuer...» Et de brandir les textes français et marocains. Evoquant l'événement «Alger, capitale de la culture arabe», M.Merbah reconnaîtra: «Chez nous, on a donné de l'argent sans conditions, à des sous- fifres!» s'agissant du rôle du Cnca, et du bricolage à peine nommé qui sévit à l'intérieur de cette institution, gérée pourtant par une équipe bien réduite, eu égard aux graves problèmes auxquels les réalisateurs sont confrontés, ce dernier regrettera que les gens de la profession n'aient pas beaucoup attendu avant de décider du statut de ce centre de cinématographie. Un EPA qui fonctionne presque comme un Epic. Et de confier: «Il a fallu trouver des formules scabreuses, pas réglementaires pour donner du matériel qui se loue, et se casse aussi. S'il y avait un Epic, il aurait acheté un nouveau matériel. Il faudra penser à donner un statut particulier à ce Cnca ou bien créer une autre institution à côté...» Abordant ce projet de loi en question, Mina Chouikh se rappelle s'être réunie avec beaucoup d'autres et a fini par remettre des propositions à la ministre de la Culture et depuis, silence radio «Le ministère de la Culture a aussi sa part de responsabilité. Le texte qui existe déjà n'est pas respecté. On a déja proposé des choses au ministère de la Culture, mais on ne sait pas si nos doléances ont été prises en compte, cette loi a été déposée au secrétariat du gouvernement sans qu'on ne soit informé de ce qu'il y a dedans...» Et à Belkacem Hadjahj, président de l'Arpa, de conclure: «Les textes ne sont pas mis en application parce que la profession se démobilise c'est à nous de revendiquer...» Et pourtant un autre obstacle subsiste...Le ministère de la Communication bloque ce projet car il n'entend pas que le mot «l'audiovisuel» fasse partie de ce projet de loi à côté de «cinéma», arguant que c'est son rayon. Que faire alors? Comme dirait cet universitaire et journaliste averti: «Cela fait plus de 20 ans qu'on attend...» Que des promesses donc!