Dans un document transmis à la rédaction par l'ambassade du Royaume des Pays-Bas à Alger, le ministère des Affaires étrangères de ce pays se désolidarise du député de l'extrême droite, Geerts Wilders, réalisateur du film documentaire Fitna, critiquant le Saint Coran. D'emblée, le ministère des Affaires étrangères hollandais tient à préciser que la conception de Geerts Wilders «ne reflète en rien le point de vue ni la politique du gouvernement néerlandais». Et de souligner que le gouvernement néerlandais condamne les actes terroristes, qu'ils soient commis au nom de l'islam, d'autres religions ou de tout autre motif. Le document note que «personne n'est autorisé à faire l'amalgame entre Islam et actes de barbarie», reconnaissant que l'immense majorité des musulmans réprouve l'extrémisme et la violence dont les victimes sont, du reste, souvent elles-mêmes de confession islamique. Le gouvernement néerlandais désapprouve formellement ce film en raison de son propos réducteur et, abusivement généralisateur. Dans sa plaidoirie, le chef de la diplomatie néerlandaise rappelle que le concepteur du film documentaire a été invité par le gouvernement à ne pas mettre en oeuvre ses idées. En vain. Pour prouver la bonne foi du gouvernement néerlandais, le document souligne que deux membres du gouvernement sont originaires de pays musulmans: Ahmed Aboutaleb, secrétaire d'Etat aux Affaires sociales et à l'Emploi, et Mme Nebahat Albayralc, secrétaire d'Etat à la Justice. Mettant à profit la réaction suscitée par le film de Geets Wilders, le gouvernement néerlandais estime que «le problème, ce n'est pas l'Islam; les musulmans, les chrétiens et les tenants d'autres religions ou convictions peuvent coexister en parfaite harmonie. Ce n'est pas la religion qui pose problème, mais son utilisation abusive pour semer la haine et l'intolérance». Jouant sur la sémantique, le document souligne que «la Constitution néerlandaise garantit aussi la liberté d'expression. Chacun est ainsi libre d'exprimer publiquement son opinion, sans autorisation préalable des autorités. Il n'y a pas de censure aux Pays-Bas. Chaque individu peut donc exprimer sa réprobation d'une doctrine religieuse. Seul le juge est habilité à déterminer, a posteriori, si la loi a ainsi été enfreinte». Se gardant cependant d'interpréter la liberté d'expression comme un blanc-seing à l'offense sans limite de ses concitoyens, le chef de la diplomatie néerlandaise souligne qu'il «est de la responsabilité de chacun de respecter les droits et la réputation d'autrui».