Dans un discours d'ouverture émouvant, le secrétaire général a rendu un hommage appuyé à Aïssat Idir et Abdelhak Benhamouda. «En ces moments significatifs, ce n'est pas sans émotion que ma pensée va aux martyrs de la Révolution et aux martyrs du devoir national, Aïssat Idir, Abdelhak Benhamouda...». Le moment est plus que solennel, comme un seul homme, la salle se met debout. Des applaudissements à tout rompre font vibrer la salle. C'est un secrétaire général submergé par l'émotion qui vient de déclarer ouverts les travaux du 11e congrès de l'Union générale des travailleurs algériens. L'hymne national avait retenti quelques minutes auparavant. La salle de conférences de l'hôtel El Aurassi était pleine à craquer. Plus de 1200 participants étaient invités. La Centrale syndicale ne laisse pas indifférent. Le rôle historique qu'elle a joué durant la guerre de Libération et le rôle de médiateur qu'elle tient entre les pouvoirs publics et les salariés font d'elle un partenaire social incontournable. Le gouvernement pratiquement au complet avec à sa tête M.Belkhadem, était présent. Le président de l'Assemblée populaire nationale (APN), M.Abdelaziz Ziari, des responsables de partis politiques à l'instar de la porte-parole du Parti des travailleurs, Mme Louisa Hanoune, du secrétaire général du RND, n'ont pas raté l'événement. Difficile peut être de faire mieux en ces moments où l'Algérie a plus que jamais besoin de stabilité. Une stabilité qui se construit doucement mais sûrement. Elle demeure cependant tellement fragile. Et c'est certainement en ce sens que certains éléments du discours de Sidi Saïd prennent toute leur justification. Il a réaffirmé à cette occasion que la Centrale syndicale à la tête de laquelle il est depuis l'année 2000 «reste fidèle aux sacrifices pour lesquels ses militants se sont sacrifiés: la souveraineté nationale et les fondements de la République». Deux thèmes mobilisateurs autour desquels s'est fait le consensus. Ce 11e congrès s'est surtout vu rehaussé par une participation en force de syndicats internationaux. Une dimension que lui reconnaît sans coup férir la secrétaire générale adjointe du CSI, Amounta Cissé qui a tenu à souligner que «l'Ugta a été présente lors de tous les combats dans le monde». La responsable de la Confédération syndicale internationale n'a pas omis de signaler que la Centrale syndicale algérienne «a su maintenir le cap et est restée comme par le passé, une organisation crédible et avant-gardiste», tout en rappelant que l'Algérie a dû, à ce moment là, traverser quelques-uns des plus pénibles moments de son histoire. Une reconnaissance qui va droit au coeur au vu du gotha de la scène politique algérienne qui n'aura sans aucun doute pas manqué de relever ce point. L'intervention du représentant de la Confédération européenne syndicale (CES) a été axée autour du rôle joué par l'Ugta durant la tragédie nationale. Il a mis l'accent sur sa contribution à la réussite des réformes engagées par le chef de l'Etat, M.Abdelaziz Bouteflika. En citant le projet de l'Union méditerranéenne dont les contours sont encore loin d'être dessinés, le représentant du CES a préconisé une collaboration étroite avec les syndicats maghrébins. Anticiper et relever les futurs enjeux qu'ils seront obligés d'affronter. Dans la même optique, mais dans un registre différent, le représentant de la Confédération internationale des syndicats arabes (Cisa), Hacen Hadjem s'est dit disponible pour une action commune afin de protéger les intérêts des travailleurs dans le contexte d'une économie de marché qui sera sans concession avec les plus faibles. Le représentant de la Fédération du syndicat mondial a rendu hommage au syndicat algérien pour son implication dans le programme de développement économique et la lutte antiterroriste. Le message adressé par le président de la République, M.Bouteflika, à l'occasion de cet 11econgrès, prend dès lors, toute sa dimension. «L'Ugta est un acteur national privilégié», a souligné le chef de l'Etat dans son message lu par M.Ali Boughazi, conseiller à la Présidence de la République. Il a rappelé par ailleurs le «lien indissociable entre le mouvement syndical algérien et le Mouvement national de Libération incarné par des figures entrées dans l'épopée de la résistance, celle d'hier et d'aujourd'hui». Et il cite: Aïssat Idir et Abdelhak Benhamouda. «Leur vie et leur oeuvre se confondent jusqu'au martyr.» la salle se remet, encore une fois, debout. Des youyous et un tonnerre d'applaudissements retentissent. Le chef de l'Etat a attiré l'attention sur cette «bataille de l'emploi» qu'il faut absolument gagner. Et dans un ultime appel, il appelle la Centrale syndicale à «continuer à contribuer avec les pouvoirs publics et les employeurs aux efforts pour permettre aux jeunes et aux travailleurs d'acquérir les connaissances et les compétences techniques nécessaires pour une bonne réalisation de nos projets», a souhaité M.Bouteflika. Et pour mieux rendre compte des défis auxquels doit faire face la Centrale syndicale, la mondialisation et ses impacts sur les travailleurs, en particulier, ceux du Sud, il précise: «L'Ugta est en première ligne». Un message que Sidi Saïd semble avoir reçu cinq sur cinq.