Contre le bruit, les pays avancés ont adopté des réglementations conformes aux normes de l'OMS. Sur 120 millions de personnes constituant des cas de surdité dans le monde, «l'Algérie compte environ 1,2 million d'individus affectés de surdité à différents degrés», qui d'une surdité totale, qui d'un handicap partiel, évolutif ou stagnant. Ce nombre insoupçonnable est avancé par un éminent médecin prothésiste d'appareils auditifs, qui a pignon sur rue à Alger. Contacté par nos soins, il a affirmé (sous l'anonymat) que «ces chiffres sont en-deçà de la réalité. Ils friseraient selon lui, le seuil de 2 millions d'individus». Une étude a été réalisée durant les cinq dernières années, sur des travailleurs de l'aéroport international d'Alger, âgés de 40 ans et plus. Répartis en deux groupes, le premier (navigant) travaillant à bord des avions et le deuxième activant au sol. Les deux groupes ont été exposés à un bruit de moins ou égal à 65 décibels. L'étude a démontré que 91 sur les 547 travailleurs navigants et 110 parmi les 1200 travailleurs au sol ont été atteints d'hypertension artérielle. Ont été pris en considération plusieurs facteurs dont le tabagisme, le diabète, le cholestérol et l'âge. L'étude a démontré que 1% des travailleurs navigants sont atteints de l'un de ces facteurs alors que les travailleurs du deuxième groupe souffrent de plusieurs troubles. Outre le bruit, les cas recensés, en général, découlent aussi de la consanguinité. Ces derniers sont pour la plupart, localisés dans la région du M'zab et du sud-ouest du pays (Tlemcen) où l'on compte le plus grand nombre de mariages consanguins. Les grandes métropoles du pays ne sont pas épargnées par ce mal dont l'une des causes est le bruit. On s'y habitue dit-on, mais les décibels (dB) sont, en tout cas, supérieures à ce que recommande l'OMS (Organisation mondiale de la santé), à savoir pas plus de 75 dB en 8 heures/par jour. Cette norme est loin d'être respectée, notamment dans nos salles des fêtes. Ce fléau, dirions-nous, est constaté aussi dans les usines où le bruit des machines fait des dégâts chez les travailleurs (surdité, hypertension, troubles de mémoire, manque de sommeil...) L'Ianor, (Institut national de normalisation) a beaucoup à faire; à ce titre une normalisation s'impose d'elle-même dans ce domaine. Toujours est-il que l'Algérien, en général, consulte rarement, voire très peu, le médecin ORL (oto-rhino-laryngologiste). Cette négligence avérée est décriée par les médecins spécialistes, surtout par les pédiatres, qui n'ont de cesse de recommander aux parents de suivre assidûment cet aspect important de la santé de leurs chérubins. Il y a lieu toutefois de se féliciter que les soins accompagnés d'appareillages divers, «sont remboursés par les Caisses de sécurité sociale en Algérie. Une pratique non usitée dans nombre de pays, notamment au Maghreb», a précisé un spécialiste du domaine, sous couvert de l'anonymat. Il a affirmé que «le nombre de 1,2 million de malentendants en Algérie est émis par les statistiques officielles». Cependant, s'est-il inquiété, leur nombre «serait plus important et friserait le seuil des 2 millions de personnes», affectant jeunes et vieux, femmes et hommes. Parlant de l'approche médicale déployée en leur direction, il a indiqué qu'il existe environ 200 centres de prothèses auditives. Ils sont hélas concentrés dans le nord du pays. Plus de 500 patients environ sont appareillés de nos jours.