L'évaluation du degré de surdité est une véritable contrainte pour la couverture sociale car l'échelle actuelle ne prend pas en compte l'évolution de la surdité. Aussi les malentendants ignorent souvent leurs principaux droits, s'endettent pour s'équiper en appareils alors que ceux-ci sont mis à leur disposition gratuitement lorsqu'il s'agit d'un handicap sévère. L'un des plus grands problèmes des handicapés à Oran, et partant en Algérie, reste la méconnaissance de leurs droits quant à une couverture sociale complète en adéquation avec le degré de leur handicap. Ainsi, des personnes, non assurées, souffrant de handicap sensoriel demandent souvent de l'aide pour pouvoir s'équiper en appareil pour malentendants. Ils n'hésitent pas à se présenter chez les spécialistes en appareillage pour négocier le prix ou solliciter un échéancier alors que présentant un handicap sévère, ils ont droit, de facto, à une couverture sociale. Pourtant, selon Mme Lazouni, gérante d'Audifel, une entreprise spécialisée dans l'appareillage et la réhabilitation des malentendants, le problème qui se pose est celui du pourcentage d'évaluation de l'incapacité qui est, selon elle, à revoir puisqu'il ne prend pas en charge l'aspect évolutif du handicap sensoriel présent surtout chez l'enfant malentendant. Ainsi, et au niveau de la Direction de l'assistance sociale (DAS), le handicap sensoriel est considéré sévère lorsque l'enfant ne parle pas, mais le problème se pose, selon Mme Lazouni, chez les malentendants qui ont toujours l'usage de la parole. “Il existe des personnes qui, après une forte fièvre ou présentant une autre pathologie, peuvent perdre l'audition mais continuent toujours à parler ce qui pose avec acuité le problème de l'évaluation du handicap”. Pour la responsable d'Audifel, même si l'Algérie prend très bien en charge les personnes handicapées, au même niveau que celui des pays nordiques, il est néanmoins impératif de revoir l'échelle d'évaluation en urgence avec les maladies actuelles qui peuvent influer négativement sur l'audition des Algériens. “Quand on perd l'audition et que le malade n'est pas appareillé, il finira forcément par perdre l'usage de la parole parce que quand on n'entend plus, on oublie le verbe”, précisera-t-elle. Ce problème d'évaluation se pose surtout au niveau de certains enfants scolarisés qui peuvent déjouer les tests en lisant sur les lèvres du médecin, ce qui fausse complètement les résultats finaux. Ainsi, est mis en avant le problème de degré du handicap qui peut aboutir à la non-délivrance d'une carte de handicap pour un malade atteint d'une surdité moyenne qui vient s'ajouter au contingent déjà important des malentendants en Algérie. En absence de chiffres “réels” sur le nombre et la situation des malentendants en Algérie, le seul barème qui puisse être pris, plus ou moins, en compte reste l'appréciation personnelle des spécialistes. Une approche sélective qui pour certains, donnent une moyenne de 1,2 million d'Algériens souffrant de surdité “à différents degrés” comme avancé par un médecin prothésiste d'appareils auditifs installé à Alger ou encore le 1/5 de la population globale du pays qui est affecté par un handicap partiel, évolutif ou stagnant, comme tient à le souligner Mme Lazouni qui calque ses estimations sur les 10% de malentendants que compte l'espace européen.