Les temps changent, les moeurs aussi. Désormais la délinquance se conjugue au féminin. La femme, connue pour sa douceur, tend à changer d'armature. En effet, de plus en plus, elle tend à devenir un élément actif dans la délinquance à Annaba. Les derniers chiffres avancés par le groupement de wilaya de la Gendarmerie nationale illustrent bien la situation. Durant l'année écoulée, pas moins de 45 femmes, âgées entre 18 et 40 ans, se sont retrouvées impliquées dans des affaires de délinquance traitées par la Gendarmerie nationale. Ces femmes ont été arrêtées, pour la plupart, en flagrant délit. Les affaires traitées se rapportent aux moeurs (31%), coups et blessures volontaires (7%), vols (2%), le reste ayant trait à différents autres délits. Au cours de cette année, les mêmes services ont eu à traiter quatre affaires où sont impliquées huit femmes. Elles ont été arrêtées pour falsification, corruption ou prostitution. Au cours des dernières années, des jeunes filles ont exécuté des opérations spectaculaires qui avaient, à l'époque, défrayé la chronique. En 2005, une jeune femme armée d'un Mat 49 avait attaqué un cabinet d'ophtalmologue et fut arrêtée sur les lieux par les éléments de la police judiciaire qui étaient intervenus à temps. En 2006, c'est une jeune étudiante qui avait tenté de cambrioler une bijouterie à la cité Les Lauriers roses, en attaquant avec une bombe lacrymogène le propriétaire. La même année, une fausse auto-stoppeuse avait servi d'appât pour attirer les automobilistes dans des guet-apens à Aïn Achir... Selon un sociologue de l'université de Annaba, ces femmes qui ont plongé dans l'illégalité, commettant des délits et des crimes jusque-là réservés aux hommes, sont en fait des victimes de la société qui n'a pas su les préserver et les soustraire à ces maux en leur offrant de bonnes perspectives. En Algérie, les femmes sont écrasées, reléguées, martyrisées et soumises par la force. Certaines arrivent à supporter cet enfer quotidien et tiennent, bon gré mal gré, jusqu'au mariage. D'autres en revanche, se rebellent et quittent le domicile familial pour essayer de reconstruire leur vie. Et c'est la rue qui prend le relais. Elles sont prises en charge par des individus sans scrupules qui les initient au crime. Une fois dedans, elles ne peuvent plus s'en sortir. La cellule familiale est en train de se désintégrer. Les traditions disparaissent et s'estompent au fil du temps cédant la place à une modernité sauvage qui prend le dessus sur toute valeur.