Sur 24 des 210 sièges de députés attribués jusqu'à présent, le MDC et la Zanu-PF de Mugabe en ont remporté chacun 12, selon la commission électorale. L'opposition et le parti au pouvoir au Zimbabwe étaient au coude-à-coude hier à l'annonce des premiers résultats des élections générales de samedi, que la commission électorale a été accusée de retarder pour les manipuler en faveur du président Robert Mugabe. Les forces anti-émeute étaient déployées dans Harare dès avant l'annonce de résultats partiels donnant le Mouvement pour le changement démocratique (MDC, opposition) et l'Union nationale africaine du Zimbabwe-Front patriotique (Zanu-PF, au pouvoir) à égalité aux législatives. Sur 24 des 210 sièges de députés attribués jusqu'à présent, le MDC et la Zanu-PF de Mugabe en ont remporté chacun 12, selon la commission électorale. Parmi les résultats les plus notables, la défaite du ministre de la Justice, Patrick Chinamasa, dans la circonscription rurale de Makoni Central (est). Le leader du MDC, Morgan Tsvangirai, acquitté ces dernières années dans un procès pour trahison, espère évincer Mugabe lors de la présidentielle organisée pour la première fois simultanément avec les législatives, les sénatoriales et les municipales. Son parti a dénoncé le retard de l'annonce des résultats craignant qu'ils soient truqués en faveur du chef de l'Etat, âgé de 84 ans et au pouvoir depuis l'indépendance de l'ex-Rhodésie britannique en 1980. Le porte-parole du MDC, Nelson Chamisa, a estimé hier que «ces retards étaient une expression de la panique de la Zanu-PF». «Le peuple a parlé. Le MDC a gagné et nous espérons que la volonté du peuple sera respectée. Trafiquer les résultats ne changera rien», a-t-il ajouté, précisant que les résultats «sont affichés dans les bureaux de vote». En dépit des mises en garde du gouvernement, jugeant toute revendication précoce équivalente à une tentative de coup d'Etat, le MDC s'était, dès dimanche, dit vainqueur de la présidentielle et des législatives dans les deux principales villes du pays, Harare et Bulawayo (ouest). Mugabe affrontait Tsvangirai ainsi qu'un ancien ministre des Finances, Simba Makoni, entré en dissidence, et Langton Toungana, nouveau venu sur la scène politique. De crainte de violences comme au Kenya en décembre à l'issue d'élections controversées, les forces de sécurité ont été placées en état d'alerte maximale dans tout le pays. La police anti-émeute était, en outre, déployée hier à Harare, où néanmoins le calme régnait. «La police est toujours en état d'alerte et appelle ceux qui veulent se réjouir à le faire avec respect pour les autres», a déclaré un porte-parole des forces de l'ordre, Wayne Bvudzijena, avertissant que ceux se comportant «mal» seraient dispersés. La Communauté de développement d'Afrique australe (SADC), qui regroupe 14 pays de la région, a jugé ces élections «pacifiques et crédibles», épinglant, néanmoins, les forces de l'ordre, qui avaient auparavant prévenu qu'elles s'opposeraient à tout changement de régime. Le MDC a cependant dénoncé la présence de milliers d'électeurs fantômes sur les listes électorales et une coalition d'associations locales a elle aussi exprimé des craintes sur la transparence du scrutin. Le jugement des voisins du Zimbabwe ne départ pas d'une ligne conciliante à l'égard de Mugabe, en dépit d'un marasme économique qui se traduit par une inflation à plus de 100.000% par an. Le plus vieux président d'Afrique en rejette la faute sur les sanctions imposées par l'Occident après sa réélection contestée en 2002, mais qui visent en fait les proches du pouvoir. Harare, qui a délivré au compte-gouttes les accréditations à la presse étrangère, a refusé la présence d'observateurs européens et américains, invitant, outre la SADC, l'Union africaine (UA) et des pays amis comme la Chine ou le Venezuela.