Les craintes du gouvernement s'amplifient au fur et à mesure que les syndicats autonomes évoluent vers l'unification de leurs rangs. Les syndicats autonomes ne cessent de faire parler d'eux. Outre le gouvernement, les partis se mêlent à la «lutte contre les syndicats autonomes». Ahmed Ouyahia et Louisa Hanoune se sont fait remarquer, ce week-end, en lançant des propos peu élogieux en direction de cette panoplie d'organisations syndicales ayant préféré ne pas se mettre sous l'ombrelle de Sidi Said. Le secrétaire général du RND a accusé ces syndicats de faire du chantage et de prendre les citoyens en otage. La patronne du PT, plus prudente, s'est contentée d'appeler ses partisans à «renforcer l'unité de la Centrale syndicale et qu'il y va de la stabilité de l'Etat algérien». Une subtile manière de demander aux militants de sa formation de rester sages et de ne pas fréquenter ces «syndicats incontrôlables.» Les déclarations de ces deux figures politiques sont intervenues après celle du ministre du Travail. En effet, Tayeb Louh avait indiqué que «l'Ugta est le seul syndicat représentatif dans la Fonction publique et le secteur économique». Invité à donner sa lecture par rapport aux récentes sorties des chefs du RND et du PT, Meziane Meriane, figure de proue de la Coordination des syndicat autonomes, s' est montré particulièrement surpris par «l' appel» de Louisa Hanoune. «La sortie de Ahmed Ouyahia n'a rien de surprenant mais concernant le PT, sincèrement, je n'arrive pas à m'expliquer sa position.» Et d'ajouter: «J'ai du mal à comprendre comment le PT s'oppose au multisyndicalisme.» Notre interlocuteur conclura enfin que «la sortie de Louisa Hanoune est diamétralement opposée aux principes de son parti». Meriane tiendra à répondre au SG du RND. «Il n'a pas à nous donner des leçons de syndicalisme. D'autant plus qu'il s'est distingué par ses politiques anti-travailleurs.» Il expliquera sur sa lancée que «si les syndicats autonomes sont attaqués parce qu' ils dérangent. Nous dérangeons parce que nous sommes une force qui réclame les droits légitimes des fonctionnaires». Il convient de souligner que ces attaques répétitives coïncident avec la montée en puissance des syndicats autonomes. Lesquelles entités ont paralysé plusieurs secteurs au cours des débrayages successifs qu'elles ont eu à déclencher. Les craintes du gouvernement et des partis qui gravitent autour, s'amplifient au fur et à mesure que les syndicats autonomes évoluent vers l'unification de leurs rangs. En effet, l'Intersyndicale (7 organisations) s'est jointe au débrayage auquel a appelé la Coordination des 13 syndicats autonomes de la Fonction publique, les 13 et 14 avril en cours. L'Intersyndicale ajoutera, en sus, un rassemblement de protestation devant le Palais du gouvernement, le 15 du même mois. Cette protesta fait craindre le pire au gouvernement. Ce dernier sait par expérience, que la Fonction publique sera totalement paralysée pendant ces trois jours de grève. Il faut ajouter à cela que le soutien sans faille affiché par le FLN et le RND à l'Ugta est dicté par le simple souci de préserver leur hégémonie au sein des appareils de l'Etat. La Centrale syndicale est connue pour son rôle de médiateur entre l'élite dirigeante et la grande masse des salariés. L'utilité de la Centrale syndicale n'est pas à démontrer bien qu'elle ait perdu beaucoup de terrain, ces derniers temps. Dans sa dernière intervention en date, le patron de l'Ugta a magistralement réussi la semaine dernière, à arrêter la grève des dockers du port d'Alger. Le successeur de feu Benhamouda a, à son actif, de nombreux «exploits» de ce genre. Une preuve d'habilité qui lui a valu ainsi qu'à tout le syndicat, la réputation de «pompier».