Nous sommes des indésirables. Les pouvoirs publics ne nous apprécient pas parce que nous sommes des syndicats autonomes. C'est pour cette unique raison qu'ils refusent de délivrer le récépissé d'enregistrement. On nous reproche notre autonomie et notre action de mobilisation », a indiqué, hier, M. Lemdani, membre du Conseil national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Cnapest), en guise de réponse aux déclarations faites mardi dernier par le chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia. Les responsables du Conseil des lycées d'Alger (CLA) et du Cnapest ont qualifié de contradictoires les propos de M. Ouyahia en comparaison avec la démarche de son ministre de l'Education. Ce dernier avait, rappelons-le, lancé au courant de cette semaine une invitation à toutes les parties représentant les enseignants autour d'une table de négociations et ce, afin de régler certains problèmes auxquels sont confrontés les travailleurs de ce secteur. « A deux reprises, les syndicats autonomes ont pénalisé tous les établissements scolaires à travers le territoire national. Ce fait est une réalité que nul ne peut contester. C'est d'ailleurs par crainte de voir le troisième trimestre compromis que le ministre de tutelle a appelé les représentants des enseignants à un dialogue », dira notre interlocuteur qui a tenu à préciser que le Cnapest est un syndicat enregistré du moment que ses responsables n'ont reçu aucune réponse à leur demande d'enregistrement faite le 22 novembre 2004. Toutefois, M. Lemdani est persuadé que le ministre du Travail a bloqué d'une manière arbitraire leur récépissé d'enregistrement, outrepassant ainsi les lois de la République. « Nous avons déposé un dossier d'enregistrement, les services du ministère du Travail nous ont demandé de revoir les articles 36,76 et 77. Ce que nous avons fait. En dépit de cela, on ne veut pas nous délivrer notre récépissé. Le problème ne réside pas à notre niveau, mais c'est au ministère du Travail de respecter les lois de la République », explique M. Lemdani qui ne comprend la réaction des pouvoirs publics qui sous-estiment un syndicat qui a pourtant démontré sa capacité de mobilisation sur le terrain. « On ne peut pas remettre en cause un syndicat qui a mobilisé toute l'Algérie. On refuse d'être un syndicat docile et c'est ce qui dérange les hauts responsables. En ce qui nous concerne, nous nous considérons comme étant légal et légitime », explique notre interlocuteur qui est favorable à un débat public sur cette question tout en estimant avoir la force de son argument. « Nos problèmes sont justes » M. Osmane du CLA estime qu'il n'est pas nécessaire d'avoir un agrément pour activer sur le terrain. « Nous avons de tout temps posé des problèmes justes et nous avons toujours revendiqué l'amélioration des conditions de vie des travailleurs qui sont alarmantes. M. Ouyahia, de par son parcours, connaît très bien la réalité du terrain et entre les chiffres qu'il avance et le vécu du citoyen algérien la différence est de taille », a ajouté, outré, M. Osmane qui estime que dans un pays où l'Etat de droit prime, les hauts responsables doivent dire toutes les vérités. « Pourquoi M. Ouyahia n'évoque-t-il pas la misère totale dans laquelle se débat la majorité des Algériens ? Pourquoi se cache-t-il derrière un discours qui parait rationnel ? Pourquoi ne parle-t-il pas des richesses de notre pays ? Une augmentation de salaire s'impose sinon nous allons directement vers une explosion sociale », a affirmé M. Osmane qui n'a pas omis de relever les contradictions existantes entre les déclarations du chef du gouvernement et celles de son ministre de l'Education. « Nous sommes les représentants des enseignants. Ces derniers ont adhéré massivement aux deux actions menées par des syndicats autonomes. Nous avons prouvé que nous sommes capables de paralyser le secteur de l'éducation et cela ne plaît pas aux pouvoirs publics qui veulent nous effacer à tout prix », dira le porte-parole du CLA qui a, malheureusement, compris qu'une augmentation de salaire n'est pas à l'ordre du jour, et de ce fait il ne voit pas l'utilité de se réunir autour d'une table de négociations avec le ministre de tutelle. M. Osmane qualifie le dialogue auquel a appelé le département de M. Benbouzid est celui des dupes, de mascarade et sans contenu. Pour les représentants du Syndicat de l'entreprise de l'éducation nationale (SETE), le chef du gouvernement n'a apporté aucune nouveauté. Néanmoins, M. Bekhouche, porte-parole du syndicat, a indiqué que dans les pays démocratiques, la société a des représentants au sein de l'Etat, mais malheureusement dans le nôtre, c'est le contraire qui se produit.