L'ombre du FIS dissous «hante» les partis islamistes. Après la fièvre des candidatures aux législatives du 17 mai, les partis politiques appréhendent avec beaucoup d'intérêt le verdict du ministère de l'Intérieur, dont les services s'attellent depuis le 31 mars dernier à étudier les dossiers individuels de candidatures. D'après des sources sûres, le département de M.Zerhouni aurait d'ores et déjà rejeté des dizaines de candidatures, ne répondant pas aux normes requises. Alors que la date butoir de cette opération expire le samedi 14 avril, les premières informations collectées auprès des différentes formations laissent présager que celles-ci seraient dans l'obligation d'apporter des modifications aux listes initiales. Notons que tout rejet d'une candidature ou d'une liste doit être notifié dans un délai de dix (10) jours francs à compter de la date de dépôt. Ainsi, et contrairement aux années précédentes, le ministère de l'Intérieur a instruit les walis, qui, pour leur part, ont instruit la gendarmerie, les renseignements généraux pour enquêter sur chaque candidat, avant d'approuver toute candidature. Il s'agira, entre autres, de vérifier auprès des instances judiciaires et des services de sécurité si le candidat n'a pas fait partie de l'ex-FIS et/ou n'est pas poursuivi dans des affaires de terrorisme. En effet, l'ombre du FIS dissous «hante» toujours les listes du Mouvement de la société pour la paix (MSP). L'«exorciser» demeure une chose difficile pour M.Boudjerra Soltani. Dans cette optique, le vice-président du MSP, M.Abderrahmane Saïdi, nous confirme que son candidat dans la wilaya de Tissemsilt a été exclu par le département de M.Yazid Zerhouni, «sous prétexte qu'il appartenait à la direction du FIS dissous». Saïdi dément et refuse cet argument: «Le président du bureau local du parti n'avait jamais milité au sein du parti dissous. C'est une réalité connue par tout le monde.» Un recours a été déposé auprès de la cour administrative dans l'espoir d'amener l'administration à revoir sa position. Mais le pari semble difficile à réaliser, le militant de Tissemsilt a fait objet de la même interdiction en 2002. Le vice-président du MSP pose le problème de la réactualisation des fichiers des administrations locales qui servent de base de données pour le ministère de l'Intérieur. Dans l'ensemble, il n'y aura pas de grand changement sur les listes du MSP, à en croire notre interlocuteur. «La majorité des candidats ont été maintenus par le ministère de l'Intérieur». Rappelant qu'en 2002 les deux partis El Islah et le MSP ont été obligés de réviser plusieurs de leurs listes après le rejet des candidats que l'administration avait, à l'époque, jugés proches du FIS dissous. En 2007, officiellement, les deux partis ont tenu, officiellement, à exprimer leur distance par rapport à cette catégorie de «politique», même si aucun d'eux ne cache son intérêt pour ses électeurs. Le parti du Front de libération nationale maintient la stratégie du silence autour de ses, listes. Contacté par nos soins M.Bouhadja affirme ne pas détenir des détails sur le sujet: «Seul le secrétaire général du parti est habilité à se prononcer sur ce dossier», a-t-il souligné. Sur insistance de notre part, il soutient que comme les autres partis, le FLN s'est vu rejeter un nombre de candidats, mais le chiffre n'est pas très important «il ne saurait dépasser cinq candidatures». Interrogé sur les motifs, Bouhadja soutient que les exclus pourraient avoir des problèmes avec la justice. Le RND, quant à lui, préfère attendre la décision finale de l'administration en charge de la validation des listes pour avoir une idée globale sur le «sort» réservé à ses listes. Optimiste, M.Miloud Chorfi, secrétaire national chargé de la communication, affirme que les chances s'annoncent intactes. «A l'heure où je vous parle nous n'avons reçu aucun rejet.» De son côté, le Parti des travailleurs fait état de l'exclusion de quelques candidats, sans pour autant en définir les raisons. M.Djelloul Djoudi nous cite le cas de la wilaya de Aïn Témouchent qui a trouvé un dénouement après l'approbation du recours formulé par le parti. Par ailleurs, nous apprenons, de sources sûres, que plusieurs listes d'indépendants se sont vues «dépouillées» de plusieurs noms, soit en raison de l'appartenance des candidats au FIS dissous, soit pour des affaires judiciaires. Notons que tous les rejets peuvent faire l'objet de recours auprès du tribunal territorialement compétent dans un délai de deux (2) jours francs à partir de la date de notification du rejet. L'instance judiciaire statue dans un délai de cinq (5) jours francs. Sa décision est immédiatement notifiée aux parties concernées et au wali qui procède à l'enregistrement du nom du candidat ou de la liste si le tribunal en a décidé. La décision du tribunal n'est enfin susceptible d'aucune voie de recours. Dans le cas de rejet de candidatures au titre d'une liste, de nouvelles candidatures peuvent être formulées sans, toutefois, que le délai ouvert à cet effet, ne puisse excéder le mois précédant la date du scrutin.