L'enjeu est géostratégique. Al Qaîda veut se frayer une ouverture sur l'Europe tout en mettant le Maghreb en feu. Les mises en oeuvre de la loi sur la Concorde civile et la Réconciliation nationale ont, quelque peu, déstabilisé l'organisation terroriste du Gspc, appelé aujourd'hui Al Qaîda au Maghreb islamique, sous le règne de Abdelmalek Droukdel, alias Abou Mossaâb Abdelouadoud. Il n'en demeure pas moins que cette organisation, que l'on dit branche d'Al Qaîda d'Oussama Ben Laden, maintient sa source, d'information non seulement grâce à ses réseaux logistiques, choisis parmi des universitaires, mais aussi grâce aux contrebandiers et aux réseaux mafieux qui s'adonnent au trafic de drogue, d'armes et du sable. Des sources très au fait du dossier sécuritaire confient que plus d'une quarantaine d'émirs du GIA ont rallié le Gspc depuis son allégeance à Al Qaîda et occupent des postes importants dans l'organisation. Lesquels sont connus par les services de sécurité, dont Abdelmalek Gharbi qui sévit à l'Est et au Sud-Est. Le Gspc, principalement contourné au Centre, dans la région de Kabylie, dispose désormais de groupes très actifs répartis dans de nombreuses régions du pays, tapis dans d'anciens abris ayant servi à l'AIS et au GIA. Depuis qu'il est à la tête du Gspc, Droukdel a réussi à rassembler sous sa coupe les dissidents de plusieurs organisations, y compris des anciens de l'AIS. A la lecture de la nouvelle cartographie terroriste, selon les mêmes sources, le Gspc étend ses activités de l'est d'Alger à partir de Boumerdès, Tizi Ouzou et Bouira, jusqu'à l'Est et au Sud-Est, ainsi qu'à l'extrême Sud. C'est surtout les régions de Tébessa, Khenchela, Batna, Jijel et Constantine qui sont les principales cibles du Gspc. Dans sa dernière sortie médiatique, le Gspc, dans un communiqué mis en ligne sur son site Internet, s'affiche comme une structure militaire d'opposition, hostile à la politique de l'Etat, et ne s'attaque uniquement qu'aux services de sécurité. Pourtant, ce sont des citoyens qui continuent de payer le prix fort depuis 1992. Les faits contredisent les allégations du Gspc qui tente de se donner une couverture politique. Preuve en est, le n°2 d'Al Qaîda, Aymen Al Zawahiri, trouve un malin plaisir à encourager la barbarie en Algérie en affichant des expressions haineuses envers le peuple algérien qu'il qualifie d'apostat. Désigné prosaïquement par de nombreux médias, sous le vocable de jonction, le ralliement du Gspc à Al Qaîda n'est, au fait, qu'une ruse bien étudiée de mise des résidus du terrorisme algérien au service de Ben Laden. Al Qaîda n'a jamais caché ses intentions de lutter contre l'Etat et le peuple algérien. C'est à partir du Soudan où Ben Laden avait séjourné après les attentats du 11 septembre, que la nébuleuse comptait déjà lancer ses opérations terroristes au Maghreb. Selon des sources bien informées, le Nord du Mali, le Sahel et l'extrême Sud algérien sont devenus de véritables laboratoires à ciel ouvert pour les hordes d'Al Qaîda. Tout se joue à une vitesse vertigineuse. La stratégie d'Al Qaîda, pressentie d'ailleurs par les services de sécurité, est d'accélérer la mise à feu de la région. Dans sa logique, Al Qaîda cherche à assurer un couloir de passage stratégique pour les terroristes du Soudan jusqu'en Algérie et en Mauritanie. La bande du Sahel constitue un énorme enjeu pour Al Qaîda. Depuis la mer Rouge jusqu'à l'océan Atlantique, en passant par le Darfour, le Tibesti, le Ténéré au Niger. Plus de 3500km d'erg et de rocaille. Et pour l'Algérie, la stabilité du Sahel n'est pas à dissocier de la sécurité des frontières du Sud algérien.