Des tons frais chantent et se lisent sur les toilettes féminines. Rose violacé, bleu «turquoise», mauve...des couleurs aussi suaves les unes que les autres surtout lorsqu'elles se déclinent dans le parler châtié algérois et donnent des appellations si agréables à l'ouïe comme «halhali, farouzi ou encore khokhi bared»...C'est aussi la mode «disco» qui s'accompagne du nouveau look du vert pistache et du mauve. Ces couleurs, dont les noms font sourire d'aucuns, nous reviennent sous le manteau de ces dames dont certaines les ont déjà remises au placard en ces premières décades du printemps. En prêtant attention, à l'occasion d'une flânerie innocente en ville, on relève, sans peine aucune, les attrayantes mues que font les vitrines huppées de la ville. Des couleurs chatoyantes éclairent ces vitrines longtemps assombries par les tons sobres et tristes de l'hiver et même de l'automne bien que cette saison ait apporté avec elle les tons apaisants des chansons et des feuilles mortes. Oui, les couleurs lumineuses intéressent au plus haut point la gent féminine algérienne. Pour preuve, le «retour» aux couleurs se perçoit au vu des hidjabs colorés que portent les femmes jeunes et moins jeunes. Elles semblent vouloir donner à cet habit austère, qui convient au mieux à nos traditions locales et religieuses, une élégance recherchée et séante à toutes les situations. Ainsi, le foulard n'est pas seulement un simple morceau de tissu masquant l'un des attraits féminins que sont les cheveux ou le cou, ce «rameau d'ébène» chanté par les poètes. Il apporte quelque part un style raffiné agrémenté par un port charmant et gracieux pour tous les regards masculins comme féminins. Après l'apparition des premiers hidjabs en Algérie, style vestimentaire colporté d'ailleurs il y a près de vingt ans, mais très bien accueilli chez nous grâce à sa connotation religieuse, la femme algérienne se veut «in» sans déroger aux coutumes ni aux croyances. Elle veut rester gracile avec une prestance de «classe» sans, non plus, heurter ses aînés qui «veillent au grain». Dans l'entourage féminin immédiat de tout un chacun, les discussions sur la mode et couleurs vont bon train. Ainsi, les derniers «cris» des grandes maisons de couture parisiennes, temple universel de la mode, sont connus, commentés et critiqués. Nos femmes sont au courant de toutes les nouveautés qui les concernent de près ou de loin. L'approche d'un mariage d'une cousine ou d'une nièce, voire d'une amie proche, donne lieu à des épigrammes teintées de rires et sourires, d'envies, de souhaits et de désirs qui font rayonner les visages des jeunes filles «en attente» d'un pareil événement heureux. Même les plus âgées ne dédaignent pas ces conversations et leurs avis sont écoutés attentivement surtout lorsqu'il s'agit de marier judicieusement les couleurs ou le port d'un habit traditionnel auquel toutefois une touche fraîche de jeunesse apporte légèreté et baume. Bien que ces tenues coutumières sont gardées jalousement, nos mères et grand'mères des villes comme des campagnes ne sont pas hostiles, «élégance féminine oblige», à un remake rééditant une mode d'antan qu'elles auraient parfois voulu en être les promotrices.