Cet acte ignoble est le troisième à être commis au niveau de ce cimetière en l´espace de deux ans. Vandalisme? Xénophobie? Islamophobie? La provocation des musulmans en France et ailleurs à chaque événement religieux est-elle devenue habituelle? Une question légitime d´autant plus que les musulmans sont ébranlés à la veille de l´Aïd par un nouveau scandale, en France, où des centaines de tombes de musulmans sont souillées. En effet, 500 tombes ont été profanées dans la nuit de dimanche à lundi derniers par des inscriptions à caractère raciste et des croix gammées au niveau du carré musulman du cimetière militaire Notre-Dame-de-Florette, près d´Arras. Divers autres messages insultant l´Islam et la garde des Sceaux Rachida Dati ont été tracés à la peinture noire. Même la dizaine de stèles juives voisines n´y a pas échappé. Cet acte ignoble est le troisième à être commis au niveau de ce cimetière en l´espace de deux ans. Il a déjà été profané dans la nuit du 18 au 19 avril 2007 où 52 tombes musulmanes avaient été violées. Dans la nuit du 5 au 6 avril 2008, 148 tombes avaient été également recouvertes d´inscriptions injurieuses visant directement l´Islam. Ces nouvelles inscriptions outrageantes sur des tombes d´hommes ayant sacrifié leur vie pour la France, ont immédiatement entraîné la condamnation de nombreux responsables politiques et provoqué un tollé de réactions d´autant plus vives que de tels actes dénotent chez leurs auteurs une haine inassouvie, mais surtout la provocation. Le recteur de la Grande Mosquée de Paris, le Dr. Dalil Boubekeur, a condamné avec fermeté «cet acte abject, inqualifiable et révoltant». «La profanation de 500 tombes en une seule nuit montre toute la haine démesurée et à la limite la folie des auteurs qui font acte de provocation envers la communauté musulmane de France, à la veille de la célébration de l´Aïd El Adha», a-t-il déclaré. Constatant qu´un climat d´islamophobie rampant existe actuellement en France, le Dr Boubekeur a estimé qu´«il est du devoir des pouvoirs publics de combattre ce fléau aux relents racistes et xénophobes et de protéger les sépultures de ceux qui ont combattu aux côtés des soldats français et sacrifié leur vie durant la Première Guerre mondiale». De son côté, la classe politique française a condamné avec vigueur cet acte «abject», «scandaleux», et «profondément choquant». Le président Nicolas Sarkozy a qualifié cet acte, commis la veille de l´Aïd, de «un racisme répugnant». La première secrétaire du Parti socialiste, Martine Aubry, a parlé d´«une blessure pour tous les Français». Les députés UMP du Pas-de-Calais et des Yvelines, André Flajolet et Jean-Frédéric Poisson qui ont déploré l´acte, viennent de boucler un rapport sur les violations de sépultures en France. Intitulé Du respect des morts à la mort du respect, ce rapport qui sera présenté demain à la presse française, suggère d´augmenter les amendes plutôt que les peines de prison, et sanctionner l´incitation à la violation de sépultures. Pour sécuriser les cimetières de tels actes, les deux députés ont indiqué que la vidéosurveillance peut apparaître comme la seule solution sur certains sites particulièrement sensibles. Une solution qui semble convaincre le secrétaire d´Etat aux Anciens combattants, Jean-Marie Bockel, qui a annoncé l´installation de huit caméras thermiques autour du carré musulman. Le Mouvement contre le racisme et pour l´amitié entre les peuples (Mrap) a estimé que «le choix du jour de l´Aïd signe une double provocation à la mémoire des morts et de leurs proches ainsi qu´à la République bafouée à travers ces soldats ayant sacrifié leur vie pour la France». C'est à craindre enfin, que le dialogue des civilisations initié par l´ONU et mené par des intellectuels ne soit détruit par des bandes de racistes et de profanateurs dans les cimetières où reposent les morts. Mais la question de fond, et on ne cessera jamais de le dire, est de connaître les instigateurs dans cette dérive, de ces actes, dans le seul but de propager la xénophobie?