Un récit poignant, raconté de façon limpide car écrit par Sabrina... Devoir de mémoire et devoir filial. Sabrina Azzi, une jeune étudiante âgée à peine de vingt et un printemps, a tenu à rendre l'hommage mérité à ce grand-père qu'elle n'a jamais connu mais dont les récits de sa famille et des compagnons d'armes de l'aïeul disparu, font revivre devant elle. Sabrina qui a fait la quête à travers ses nombreuses pérégrinations, allant de l'un à l'autre, questionnant les vieux et les vieilles ainsi que les archives de cette époque, a écrit un livre édité à compte d'auteur et intitulé Ath Douala, le rendez-vous manqué. Elle a ainsi convoqué l'histoire et son grand-père Mohamed, mort les armes à la main, après que des individus dont la veulerie n'a d'égale que leur roublardise, lui aient tendu un piège. Sabrina a ainsi voulu rendre ses devoirs et au grand-père et à ces cohortes de martyrs qui ont fait que l'Algérie soit indépendante, en sacrifiant ce qu'ils avaient de plus cher, leur vie et souvent leurs enfants et leurs familles. Certes, elle aime toujours à dire que «tous les combattants méritent notre respect mais les martyrs ont ce statut spécial.» Dans sa quête de savoir, elle a réussi à rencontrer beaucoup de combattants et de gens qui ont vécu l'épopée libératrice. De cette quête est né ce livre: Ath Douala, le rendez-vous manqué. Le récit est poignant, il se déroule simplement et est raconté de façon limpide car ayant été vécu non par Sabrina elle-même, mais dira-t-on par procuration, par les membres de sa famille. D'ailleurs, son enfance a baigné dans ces récits qui, longtemps ont été racontés au coin du feu par celle qui, désormais, est la gardienne de la mémoire: la grand-mère Chabha. Le récit est sans doute poignant et beau, mais hélas, la narratrice n'a pu nous livrer que son premier jet. En effet, certaines erreurs historiques liées sans doute à l'âge de l'auteure, amoindrissent quelque peu la valeur de l'ouvrage. Comme l'on reste surpris par le fait que le livre semble avoir échappé à un sérieux travail de correction. On sent cette volonté de bien faire mais sans doute a-t-elle été si pressée de rendre son hommage. Le rendez-vous manqué gagnerait, à notre avis, à être revu et corrigé et ainsi il atteindrait mieux sa cible. On sent chez la jeune Sabrina poindre un certain style aussi limpide, s'apparentant au style féraounien mais Sabrina n'est pas la seule à tomber dans les rets de certains qui, profitant du désir des jeunes de se faire éditer, les encouragent certes, ce qui est en soi noble, mais leur cachent les difficultés et, ce faisant, leur coupent finalement les ailes. Les jeunes auteurs, qui sont une véritable pépinière pour la littérature de demain, sont ainsi mal récompensés dans leurs efforts. Ils sont ainsi devenus, non pas des jeunes à aider, mais des personnes à presser tels des citrons. Le rendez-vous manqué malgré les imperfections aussi bien historiques que lexicales, est une oeuvre à encourager. Peut-être doit-on préciser que Sabrina Azzi est une jeune étudiante en informatique à l'université Mouloud-Mammeri.