Le printemps théâtral de Constantine, qui a pris fin dimanche, a réhabilité pendant dix jours le 4e art dans ses droits dans la ville du Vieux Rocher, tout en laissant en suspens des questions fondamentales liées à la manifestation elle-même et à l'art des planches de manière générale, ont estimé des professionnels. De l'avis de Antar Hellal, acteur au TRC (Théâtre régional de Constantine), un «frémissement» de renouveau commence à se faire sentir dans le théâtre algérien mais demeure à ses «balbutiements» et a besoin d'être encouragé et soutenu pour prendre réellement racine. L'artiste cite dans ce sens le cas de Azzedine Abbar, homme de théâtre dont le nom «a brillé comme un soleil» lors de ce printemps qui l'a vu signer la mise en scène de trois productions présentées au cours de cette manifestation, recevant toutes au passage, un excellent accueil du public. En plus du Pêcheur et le palais du TRC, qui a connu un franc succès, il a en effet signé la mise en scène de Stop obligatoire du TNA et tenu le rôle de conseiller artistique dans La poudre d'intelligence du TR de Sidi Bel Abbès. Dans cette pièce mise en scène par Assous Ahcène, l'on a pu remarquer un «effort louable d'aller vers un théâtre moderne basé sur le spectacle et la chorégraphie», a estimé Antar Hellal qui regrette cependant «l'absence de grands chorégraphes professionnels qui auraient pu donner au spectacle une dimension autrement plus importante». Les espoirs apportés par des jeunes qui ont «acquis une autre vision leur permettant d'avoir une approche plus moderne et plus actuelle du théâtre ne font que poser la question lancinante de la refondation du théâtre algérien dont tout le monde parle aujourd'hui», a opiné Hellal. D'autres professionnels du théâtre, qui voient en cette manifestation une des rares, sinon l'unique occasion de recevoir au TRC des productions des autres régions, du pays, se sont dits, pour leur part, «inquiets» quant à son devenir en l'absence de son institutionnalisation. «Qui peut garantir que demain la commission culturelle de l'APC, dont dépend actuellement le financement du Printemps théâtral, aura les mêmes disponibilités financières et les mêmes dispositions pour assurer la prise en charge de la manifestation comme elle l'a fait jusqu'à présent?», se sont interrogés à ce propos des professionnels comme Allaoua Zermani et Djamel Dekkar. Selon un jeune Constantinois passionné des planches, cette manifestation, la quatrième du genre, a prouvé que le théâtre n'a rien perdu de son attrait auprès du public et a rappelé combien l'absence d'une grande salle de spectacle dans la ville de Constantine est devenue «handicapante». Cette situation s'est posée avec acuité lors de ces journées théâtrales qui ont connu des bousculades devant les portes du seul théâtre de la ville, révélé trop exigu, mettant les préposés à l'entrée dans la désagréable position de devoir refouler le flux des spectateurs qui tenaient à profiter de cette occasion qui ne leur est offerte qu'une fois l'an.