Voila une mesure qui rassure: l'Etat achètera aux fellahs le blé avec les mêmes prix que ceux pratiqués sur le marché international. Par une batterie de mesures, le gouvernement décide de juguler la crise du blé et celle du ciment et, par là même, couper l'herbe sous le pied aux spéculateurs. Tirant ainsi la leçon des dernières crises, le gouvernement ne veut plus être pris de court. Pour le blé, la mesure est d'envergure, pour ne pas dire révolutionnaire, en ce sens qu'elle touche directement à la sécurité alimentaire. Le ministre de l'Agriculture et du Développement rural, Saïd Barkat, rassure les agriculteurs. «L'Etat procédera à l'achat de la production nationale de blé, dur et tendre, à des prix proches de ceux pratiqués sur le marché mondial.» M.Barkat assure que cette nouvelle stratégie sera appliquée cette année. Il a ajouté qu'il a été décidé également de ne fournir l'aide aux agriculteurs qu'à l'issue de la récolte. S'agissant du prix référentiel qui sera appliqué à l'achat de la production nationale de blé, Saïd Barkat a indiqué qu'il sera annoncé prochainement. Il faut savoir que le prix moyen du quintal de céréales, sur les marchés internationaux, est estimé à 7000DA. Toutefois, dans le cadre de la politique de subvention de ce produit, l'Etat compte le céder aux minoteries à 2280DA. Les observateurs s'accordent à dire que, par le biais de cette mesure, le ministère de l'Agriculture compte couper l'herbe sous le pied aux spéculateurs. Ils étaient, en effet, derrière l'augmentation vertigineuse des prix de la semoule et de la farine. Le citoyen a dû payer chèrement leur rapacité, avant que l'Etat n'intervienne. Aussi populiste qu'elle soit, cette mesure a diminué, un tant soit peu, les prix des produits cités, dont l'augmentation a pris des proportions jamais atteintes par le passé. La superficie des terres agricoles qui, avant l'année 2000, était de 3,7 millions/ha, est passée, durant la période 2000-2007, à 3,2 millions/ha. A en croire l'Office national des statistiques (ONS), la production des céréales a augmenté, passant de 21 millions de quintaux en 1988-1999 à 31 millions de quintaux en 2000-2007, pour atteindre en 2007 quelque 43 millions de quintaux. Cela représente une couverture de 50% des besoins du pays. En dépit de ce constat chiffré, le ministre de l'Agriculture et du Développement rural garde son sang-froid et se veut optimiste: «Les réserves de l'Algérie en céréales sont considérables», estime-t-il. Mieux encore, il prévoit une augmentation de la production nationale, et «de ne recourir à l'importation, que dans le cadre de la diversification des semences». A une question sur les mesures urgentes prises au profit des éleveurs, afin de faire face à la sécheresse, le ministre a souligné que l'Office algérien interprofessionnel des céréales, en collaboration avec les chambres de l'agriculture de wilaya, a octroyé 350.000 quintaux d'orge aux éleveurs, à un prix préférentiel fixé à 1550DA/quintal, avec un prix de revient de 3700DA/quintal, alors que la subvention de l'Etat de ce produit a dépassé, lors des deux premiers mois de l'année 2008, les 750 millions de dinars. Pour le ciment, c'est tout simplement une bonne nouvelle que vient d'annoncer le ministre du Commerce, El Hachemi Djaâboub. La crise du ciment sera réglée dans une semaine. M.Djaâboub s'est saisi lui-même du problème. «La spéculation est la cause ayant provoqué la rareté du ciment sur le marché national», a indiqué jeudi dernier M.Djaâboub dans un point de presse qu'il a animé lors de sa visite de travail à Constantine. M.Djaâboub a rappelé que la production nationale du ciment est évaluée à 15 millions de tonnes/an alors que les besoins sont de 16 millions de tonnes. «Nous traversons une petite crise, car la production a chuté à 12 millions à cause de l'arrêt momentané de quatre cimenteries», a souligné le ministre annonçant que le prix du ciment a été fixé à 320DA le sac de 90kg au lieu de 500DA. El Hachemi Djaâboub a affirmé que «l'Etat vise à appliquer des mesures de contrôle sérieuses à la source». Aussi, d'autres mesures seront prises pour faire face aux spéculateurs. Il s'agit du contrôle régulier des cimenteries, de même que l'évaluation des besoins réels des entreprises sera effectué. En effet, l'Etat aura un oeil sur les unités de production du ciment et les sociétés de réalisation dans le secteur du bâtiment. Cela se fera avec la signature de conventions entre les parties; une mesure qui permettra de définir avec précision le contour des droits et devoirs de chacun, a estimé le ministre. Elle obligera aussi les producteurs de ciment à respecter les prix arrêtés dans le décret exécutif.