Le ministre de la Communication, M. Abderrachid Boukerzaza, a annoncé, mardi, l'inscription, à partir de janvier 2008, du blé dur (semoule normale et supérieure), sur la liste des produits subventionnés par l'Etat. Evoquant devant la presse les dossiers examinés par le Conseil du gouvernement tenu mardi, M. Boukerzaza a indiqué que le gouvernement a décidé, dans un souci de protéger le pouvoir d'achat des citoyens, la subvention de ce produit à large consommation. Ainsi, le décret exécutif relatif à la structuration des prix de la semoule, adopté par le gouvernement, a fixé le prix de la semoule normale à 3 600 dinars le quintal et celui de la semoule supérieure à 4 000 dinars le quintal. Et c'est l'Etat qui prendra en charge le remboursement de la différence entre le prix réel et le prix officiel. Pour cela, une enveloppe de 50 milliards de DA ont été consacré pour la subvention de ce produit, outre les 39 milliards de DA de subvention décidée dans le cadre de la loi de finances 2008, soit une facture globale de 90 milliards de DA prise en charge par le Trésor. Cependant, la nouvelle réglementation de ce produit stratégique n'est pas en contradiction avec le décret de 2003 relatif à la concurrence. Car, selon le ministre, " l'Etat peut intervenir à travers des mesures exceptionnelles pour la réglementation des prix des produits à large consommation ".Toutefois, la liste des produits de consommation subventionnés actuellement par l'Etat sont le blé tendre destiné à la fabrication du pain, la poudre de lait destinée à la production du lait pasteurisé en sachets, les tarifs de l'électricité, du gaz et de l'eau et les loyers des logements sociaux. Cette initiative de l'état intervient, après une hausse de prix de certains produits stratégiques.Une hausse qui est non seulement affectées par la spéculation mais aussi par l'instabilité des cours de ces mêmes produits sur les marchés internationaux. Et pour un pays qui importe près de 70% de la farine et de la semoule qu'il consomme, ainsi que près de 100% des produits oléagineux servant à produire l'huile de table et presque autant pour les légumes secs, les prix sur le marché local dépendent étroitement de ceux pratiqués sur le marché international. La majorité des produits agricoles ont, en effet, flambé sur les marchés mondiaux, suivant ainsi la hausse effrénée du prix du baril de pétrole. En moyenne, l'Algérie consomme entre 60 et 65 millions de quintaux de blé, avec ses deux variétés, dur et tendre, annuellement. Seulement 30% des besoins sont couverts par la production nationale. Le reste, est importé. Malgré la hausse des prix du blé tendre sur le marché international, l'Etat a maintenu le soutien des prix du pain. Au mois d'août passé, le prix de la tonne de blé tendre avait dépassé les 375 dollars. Soit 2 625 dinars le quintal. L'office interprofessionnel des céréales (OAIC) cède le quintal aux minotiers au prix de 1 285 DA. Le Trésor public versait alors à l'OAIC la différence qui était de l'ordre de 1 340 DA sur chaque quintal. Une subvention qui empêche le prix de la baguette de pain de flamber. Ce niveau de l'aide serait aujourd'hui supérieur vu que, depuis le mois d'août et jusqu'au jour d'aujourd'hui, le prix du blé tendre n'a pas cessé d'augmenter. Mais cette politique de soutien des prix ne concernait pas le blé dur qui sert à la production de la semoule. Au mois d'août dernier, la tonne de blé dur livrée au port d'Alger avait atteint les 440 dollars. Soit 3 124 DA le quintal. Cette hausse des prix sur le marché international, fera passer le kilogramme de semoule à 60 DA. Quelques semaines plus tard, le prix de la tonne de blé sur le marché international passera à 642 dollars, soit 5 460 DA le quintal. Cette situation va obliger les producteurs privés de semoule d'aller s'approvisionner auprès des agriculteurs nationaux. Des prix dépassant largement ceux proposés par l'OAIC seront offerts par les producteurs de semoule aux agriculteurs. Cependant, et malgré une bonne année agricole marquée par une production de céréales dépassant les 40 millions de quintaux, l'OAIC n'arrivera à engranger que 7 millions de quintaux. Le maintien à la hausse des prix du blé dur sur le marché international risquait fort de mettre en péril l'équilibre financier de l'OAIC. Ce dernier ne pouvait plus supporter l'écart, qui ne cesse de se creuser, entre le prix d'achat du quintal de blé dur et celui de sa vente aux semouleries. Un appel sera alors lancé aux pouvoirs publics pour intégrer le blé dur dans la liste des produits de large consommation soutenu par l'Etat. Mais, si pour la semoule cela semble acquis, ce n'est pas le cas pour l'huile de table et les légumes secs. En tout cas, le débat sur le plan d'orientation de développement agricole, présenté par le ministre de l'Agriculture et du Développement rural, M. Saïd Barkat, sera poursuivi lors du prochain Conseil de gouvernement. Une enveloppe de 1 914,6 milliards de dinars, pour la période 2008-2025, a été consentie pour la réalisation des actions et des mesures contenues dans le plan sectoriel, élaboré dans le cadre du plan national de l'aménagement du territoire à l'horizon 2025.