Pour la première fois dans l'histoire, des patrons français ont défendu leurs salariés sans-papiers. Qu'ils soient Algériens, Marocains, Tunisiens...ou Congolais, ils sont confrontés à un sort identique. Celui que leur réserve la France. Ces Africains subissent entre autres, les tourments des blocages de dossiers, des calomnies, des intimidations mais aussi des arrestations. Voulant réagir à leur manière, une trentaine d'entre eux ont entamé samedi une marche de Lille à Paris. Soit 200 kilomètres. Unanimes, ils ont protesté contre ces expulsions en masse. Ils réclament la régularisation des étrangers en situation irrégulière. Bravant toutes les difficultés, dont le climat, ces sans-papiers ont voulu, coûte que coûte, se faire entendre et attirer l'attention de l'opinion internationale quant à leur situation. Attendus en début de soirée à Séclin, à une trentaine de kilomètres de marche au sud de Lille, ils ont été escortés par la police et par des voitures chargées de sacs de couchage. Environ 200 personnes, dont des représentants de la Ligue des droits de l'homme (LDH), du Parti communiste, de la CGT, du Réseau éducation sans frontière (Resf) et des Verts, sont venues soutenir cette frange livrée à elle- même. Aussi, une première dans les annales, des patrons français sont venus au secours des travailleurs sans- papiers. Ces patrons ont insisté pour dire que ces régularisations vont apporter du bien à l'économie française. Récemment, la CGT a réussi un coup d'éclat en organisant le blocage d'une vingtaine de sociétés de la région parisienne avec une grève simultanée de 300 salariés sans-papiers. Ces personnes, qui ont choisi de vivre sous des cieux plus cléments, car la situation socioéconomique régnant dans leurs pays respectifs a atteint son paroxysme, se trouvent, malheureusement, dos au mur. La politique prônée par Nicolas Sarkozy, quelque temps après son intronisation à la tête de l'Etat français, leur reste en travers de la gorge. Ce sont leurs souffrances qui se multiplient. Si cette immigration choisie est «bénéfique» pour la France, il n'en est pas de même pour ces milliers d'Africains qui ont fui la faim. C'est une épée de Damoclès qu'ils ont au-dessus de leur tête. L'Algérie à elle seule compte 350.000 sans-papiers. Ne voulant accorder de nationalité française qu'à une minorité représentant l'entité intellectuelle, Nicolas Sarkozy a fixé le même objectif que celui de l'année précédente. Sans dévier d'un pouce, il compte expulser 25 000 étrangers en situation irrégulière. «Ceux qui demandent la régularisation de tout le monde, c'est extrêmement injuste car ça permet de traiter de la même façon celui qui a fait un effort d'intégration et celui qui ne veut pas en faire.» Tel a été le réquisitoire fait par M.Sarkozy alors ministre de l'Intérieur. La machine répressive mise en branle à l'encontre des sans-papiers, est en pleine action. Par sa forte concentration dans ce pays, la communauté maghrébine en situation irrégulière est la plus touchée par ces mesures. Et dans ce flux migratoire, les Algériens occupent une bonne place. Tout porte à croire ainsi qu'une grande partie de ces expulsés est partie de notre pays. Ils sont des milliers à être expulsés et le chiffre ne cesse d'être revu à la hausse. Les Algériens sont-ils indésirables sur le sol français? Une question à laquelle les spécialistes, et parmi des politiques, n'arrêtent pas d'apporter des réponses aussi diverses que troublantes.