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Le vieil Oran disparaît!
TEMOIN ET CARREFOUR DE PLUSIEURS CIVILISATIONS
Publié dans L'Expression le 23 - 04 - 2008

Cette partie de la capitale de l'ouest du pays s'en va et emporte avec elle de larges pans de notre histoire.
Plusieurs sites qui ont résisté à l'usure du temps, des siècles durant, ont été entièrement rasés à Oran. D'autres cèdent à l'implacable oeuvre du temps et disparaissent les uns après les autres. Le peu qui reste continue de subir les affres de l'ignorance, du laisser-aller et de l'abandon. Le quartier de Sidi El Houari en est l'exemple édifiant. Le Vieil Oran est, à la fois, témoin et carrefour de plusieurs civilisations. Aujourd'hui, il donne l'image d'un désastre.
Les effondrements ont fait des ravages. Alors que des édifices sont ensevelis sous les gravats, la préservation est, semble-t-il, le dernier souci des responsables locaux et même centraux. Il est difficile de se prononcer, avec exactitude, sur le nombre des sites historiques qui ne figurent que sur les plus anciennes cartes géographiques.
Le Vieil Oran s'en va, et emporte avec lui son histoire. Comme des espèces rares, d'autres sites, aussi historiques, suivent les mêmes sentiers qui mènent inévitablement vers l'oubli. Le village carthaginois (site punique) de Madegh est en voie de disparition. Plusieurs facteurs, dont cette érosion anthropique, ont activement contribué à la dégradation puis à la disparition des repères historiques.
Nos responsables persistent dans leur léthargie, vantant, parfois, les bienfaits des plans européens, et tantôt, attendent les subventions de l'ambassade américaine et celles du Plan Archimède. La célébration du mois du patrimoine est entré en vigueur le 18 avril. Des questions simples méritent d'être posées. A-t-on pensé à faire valoir le patrimoine d'Oran? A-t-on osé, un jour, demandé des instances nationales ou internationales de procéder au classement du patrimoine restant et le sauver de la dégradation? Pourquoi la main criminelle persiste-t-elle à tout raser? Que faut-il faire pour préserver ce qui reste? Ce sont autant de questions que le citoyen est en droit de se poser et si des réponses ont été apportées.
Oran, Ouahran (Wahrân), appelée El Bahia, qui est la deuxième ville d'Algérie, est l'une des villes importantes de la Méditerranée. Elle est distante de 450km de la capitale et compte, aujourd'hui, près de 1,5 million d'âmes. Son nom amazigh, Ihrane (les Lions) arabisé devenait Ouahran (Wahrân). Oran portait également le nom d'Ifri qui signifie toujours en tamazight la caverne. L'histoire d'Oran remonte à très loin dans le temps. Elle apparut vers l'an 900, en pleine période idrisside.
Ce grand village a, depuis la nuit des temps, été animé et des civilisations entières se sont relayées. Le site d'Oran a été une station préhistorique mise en évidence par des fouilles archéologiques entreprises aux XIXe et XXe siècles. Des traces datant d'au moins 100.000 ans ont été relevées. Des pierres, qui remontent à un demi-million d'années avant Jésus-Christ, ont été découvertes à Mers El Kébir.
Une histoire en chasse une autre
Des sites carthaginois existent toujours. Un brassage de religions chrétienne, juive et musulmane. Un village où s'étaient conciliés pendant aussi longtemps les cultures et histoires, berbères, arabes, vandales, phéniciennes, romaines, arabes, espagnoles, ottomanes et françaises. Un héritage riche a été légué. La majeure partie de cet héritage, dit-on, de surcroît, a disparu.
Plusieurs recherches révèlent la présence punique et romaine. Cette présence est matérialisée par l'immense nécropole des Andalouses et du Portus Magnus (appellation romaine qui signifie Grand port romain), du côté de Bethioua. Le premier est, aujourd'hui, squatté et construit tandis que le second est complètement abandonné. Plusieurs sites ont été révélés lors de l'agrandissement de la zone touristique de la plage des Andalouses. Beaucoup d'objets ont été récoltés dans les régions limitrophes de Bousfer et d'El Ançor. Cette région a fourni beaucoup de mosaïques et statues qui sont entreposées au musée Ahmed-Zabana. D'une étape à une autre, d'une escale à une autre, Oran perd son histoire.
«Aux Andalouses, un complexe touristique a été érigé sur la coupole d'un cimetière punique», a déclaré M.Abdelhak Abdeslam, vice-président de l'association Bel Horizon. Le summum de l'ignorance. Chaque occupant qui arrive efface l'histoire de son prédécesseur. L'Espagnes'engage dans la première expédition organisée contre Oran. La prise de la ville par l'armée du cardinal Francisco Jiménes a été effective le 17 mai 1509.
Les Espagnols ont alors entamé la fortification de la ville, dont le but était de mieux assurer leur défense contre les assauts de leurs ennemis, notamment contre les attaques répétées des populations locales envahies.
Ainsi, plusieurs forts ont vu le jour. Le Rozalcazar, première grande muraille, longue de 2km, a été édifiée. Une muraille et une grande et longue histoire. A sa construction, cette muraille a été dotée de plusieurs souterrains qui donnent accès à plusieurs autres fortifications, dont notamment celles de San Andréa et le tambour Saint José (lieu de jonction de toutes les issues souterraines) situé du côté du lieudit El Bassin (actuellement), à Sidi El Houari.
A l'avènement des Ottomans, le Palais du Bey a été construit sur une partie du Rozalcazar. Le palais était destiné à loger les gouverneurs de la ville. Malgré la construction du Palais, le Rozalcazar n'a pas connu de grandes transformations.
Jusqu'en 1986, l'ignorance et la plus grande bêtise humaine ont causé des dommages irréversibles. Le projet de l'Hôtel Chateauneuf condamne définitivement et le Rozalcazar et le Palais du Bey. Et les deux sites qui ont cohabité pendant des siècles ont été amochés. Pis encore, le projet allait s'étendre au Palais.
«La maquette initiale prévoyait la démolition du Palais et l'aménagement d'une piscine à sa place», a dénoncé Abdelhak Abdeslam, vice-président de l'association Bel Horizon. Les responsables d'alors ont inscrit, sans recherches ni études préalables, le projet de ce géant hôtel. C'est ainsi que les travaux ont été lancés et le gros oeuvre a été réalisé. Des dégâts irréversibles ont été causés. Une bonne partie des souterrains a été bouchée par le béton.
Quelques voix irréductibles mais intègres se sont alors élevées. A cela s'ajoute la chute du prix du pétrole qui a eu des incidences directes sur le financement du projet. Ce sont ces deux facteurs qui vont stopper la folie meurtrière du projet. Et, depuis, une masse géante de béton domine le Rozalcazar et le Palais du Bey et donne une autre image d'Oran. Idem pour le fort de Santa Cruz (Sainte-Croix).
Ce fort qui surplombe la ville du saint Sidi El Houari, a résisté à toutes les vicissitudes du temps sauf celles qui ont porté, dernièrement, sur sa restauration qui a été financée par le département de Khalida Toumi. Plusieurs aspects techniques ont été bafoués par le restaurateur. «Dès que l'entreprise a été chargée de la restauration du fort, d'énormes problèmes ont commencé à voir le jour» a, une fois de plus, dénoncé M.Abdelhak Abdeslam. Et d'ajouter: «Des choses pas très catholiques ont été faites». «Nous sommes sur le qui-vive permanent avec l'entreprise depuis le lancement des travaux jusqu' à ce qu'une équipe de six experts ait été dépêchée, en 2007, par la tutelle et qui a décidé de mettre fin aux travaux», ajoute-t-il. Et pour cause, les travaux entamés au fort du Santa Cruz ne répondent pas aux normes de restauration.
Un site, une histoire
La première malfaçon commise a été l'important dégât causé à la tuyauterie qui alimentait la bâche à eau. Une bâche qui a été construite par les Espagnols et servait de réserve d'eau au fort, sachant que ce dernier est construit sur un monticule qui domine Oran.
L'ire des érudits de l'histoire s'est accentuée lorsque le petit bâtiment, situé en contrebas du fort, a été démoli. L'une des pièces maîtresses du fort, qui nécessite d'importantes recherches.
«D'aucuns n'arrivent pas à expliquer à quoi servait le bâtiment», a expliqué Abdelhak Abdeslam. Un autre site et une autre histoire, le Conservatoire Ahmed-Wahby. Le même bureau d'études et même entrepreneur chargés de la restauration du Santa Cruz a été désigné pour les travaux du Conservatoire. Encore des imperfections. La scène qui était conçue en bois, pour une meilleure acoustique, a été bétonnée. La main destructrice a toujours été à l'origine de la dégradation et de la disparition des sites historiques. Le village pittoresque méditerranéen, la Scalléra ou La Calere, situé sur les monticules de Sidi El Houari, a totalement disparu. La Callera a été démolie dans les années 1980, déplore M.Abdelhak Abdeslam. Le patrimoine est un élément qui contribue amplement à l'essor du tourisme et par-delà, à l'économie nationale.
Une autre question s'impose: a quand le classement des sites restants et, partant, leur préservation? L'association Bel Horizon adopte comme credo, «un monument visité est un monument préservé».


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