Les travailleurs de l'unité industrielle textile de Draâ Ben Khedda, connue sous le nom de Cotitex, ont entamé une grève depuis une semaine. Les grévistes demandent leurs arriérés de salaires et ils exigent la satisfaction de leur plate-forme de revendications sociales comme ils revendiquent un statut clair. Il faut dire que cette unité fut l'un des fleurons de l'industrie dans la région. L'unité textile a connu des moments de gloire quand elle employait jusqu'à 6000 travailleurs nourrissant ainsi une bonne partie des familles des wilayas de Tizi Ouzou, Bouira et Boumerdès. Hélas! la Cotitex n'est plus, aujourd'hui, que l'ombre d'elle-même, arrivant à peine à employer 600 personnes. Avec l'entrée des tissus étrangers sur le marché national, l'unité n'arrive plus à suivre. Elle doit principalement son existence aux commandes de l'armée, de la police, des douanes et autres services publics. A Draâ Ben Khedda, les gens pensent aux temps jadis, quand les travailleurs de la Cotitex faisaient marcher le commerce local. D'ailleurs, la ville doit son extension à cette unité. En effet, dès son ouverture, la ville de Draâ Ben Khedda a vu s'élargir ses horizons et les premiers bâtiments étaient les logements de cette unité industrielle. Venus d'un peu partout, ces travailleurs dont la plupart sont désormais installés en cette ville, ont eu à connaître les jours de gloire de cette unité. Depuis l'ouverture du marché national et l'arrivée des textiles étrangers, les produits de Draâ Ben khedda s'écoulent difficilement et les problèmes des travailleurs ont commencé. L'usine a commencé par dégraisser le personnel en laissant les travailleurs partir volontairement, mais de fil en aiguille, les cohortes de travailleurs ont dû abandonner l'unité. Selon un de ces travailleurs: «Désormais, quand on est dans un atelier on a peur tellement c'est le vide qui y règne.» Pis, encore, la Cotitex a traversé une période de vaches maigres, arrivant difficilement à honorer les salaires des travailleurs. Ces derniers furent obligés, maintes fois, d'organiser des actions de protestation. C'était le cas, il y a environ deux à trois années, quand les ouvriers ont dû battre le pavé à Draâ Ben Khedda. Il semble que ce fleuron de l'industrie du textile n'est pas entièrement sorti de la zone «rouge». C'est ce qui explique l'actuelle grève des travailleurs. La Cotitex de Draâ Ben Khedda mérite pourtant toute l'attention aussi bien des responsables du secteur que des responsables locaux. Il faut l'aider à vivre et à prospérer; bien des familles attendent que la vie reprenne ses droits dans cette unité.