Le scénario gravite autour de ce chantre. Normalement, il devrait s'inscrire pleinement dans la thématique typiquement artistique. Vu la polémique, qui n'est un secret pour personne, et la mise en attente du public présent à la projection de ce nouveau-né, tout le monde se posait la question: passera ou ne passera pas? Tel est le suspense qu'ont vécu les présents à la salle El Mougar pour l'avant-première de ce téléfilm en hommage au défunt Hasni, intitulé Hasni... la dernière chanson de Fatima Ouzane et réalisé par Messaoud Laïb. Enfin, les choses sont rentrées dans l'ordre et les rideaux sont levés. Remarquant que le scénario gravite autour de ce chantre, normalement, il devrait s'inscrire pleinement dans la thématique typiquement artistique de cet artiste qui nous est cher et qui a joué un rôle important à cette époque cruciale, et ses retombées sur le plan culturel, social et politique (volontairement ou involontairement). Pas au point de le minimiser, en le présentant comme celui, comme on dit chez nous: «Hachicha talba maïcha», qui d'après les quelques commentaires et les interventions, est partagé par la majorité. Il n'est pas seulement question de l'enfance perdue ou le conflit qui lie sa petite famille à ses parents, d'ailleurs l'énigmatique projection même de ce fils est en question (affaire à suivre). Pour être plus objectif et civilisé, laissez les Chakrouns, laver leur linge sale en famille. Mais sur le plan artistique et culturel, il s'agit de ce souffle qui court dans l'air algérien, cette atmosphère de contentement et d'insouciance collective que même la sombre époque n'a pas réussi à ternir. Et puis, il y a ce sentiment très fort qui le lie à sa ville natale Oran, qu'il ne veut pas quitter. Même à la suite de la situation sécuritaire qui n'était pas à désirer, où les Algériens ont recours à l'émigration. Ce que l'on appelle El ghorba, ou l'exil obligatoire. Une manière de donner des leçons de conscience à notre jeunesse qui ne savait même pas sur quel pied danser. C'est ce sentiment qui rend les lamentations de la musique si poignante comme la chanson intitulée Mazal kayan l'espoir. Le style musical du chanteur préféré de la jeunesse algérienne, de celui- que l'on surnomme encore le «Roi de la chanson sentimentale». Sur le plan technique beaucoup de choses laissent à désirer. Ni cadrage, éclairage souvent flou, les faux raccords, le mixage de musique est en décalage avec les images, etc. La seule satisfaction nous vient de quelques scènes émouvantes, entre autres, celle de la séparation avec son enfant. Certes, l'initiative est à saluer, mais le manque de professionnalisme est flagrant. Et dire que ce chanteur mérite mieux... et ce n'est pas les gens des métiers qui manquent. Le défunt Hasni est né en février de l'année 1968 à Gambetta, un quartier populaire d'Oran. Issu d'une famille conservatrice de sept enfants, d'un père soudeur, Hasni avait connu un intérêt particulier pour le sport, le football en particulier. Tout son entourage appréciait son talent, mais trop vite le choix est fait, car la musique a pris la place du football. Au cours de sa jeunesse, il avait connu des crises d'adolescence telles que sécher les cours ce qui lui a permis de décider enfin d'une vie totalement artistique. Et une timidité qui avait été remarquée par l'ensemble des personnes qui l'avaient entouré autrefois. Nulle personne n'imaginait que cet enfant timide, serein et calme, serait un jour une légende. Comme dit l'adage: «Il suffit d'une étincelle pour mettre le feu». Après les succès et la célébrité, cet artiste fut distingué des autres chanteurs par l'émotion qu'il transmet à partir de cette sincérité particulière qui s'exprime du film, dans chacune de ses chansons. Hélas, comme disait autrefois James Dean: «Les héros meurent jeunes», c'est le cas de Cheb Hasni qui a connu en vain une fin tragique. Il a été abattu devant son domicile, alors qu'il était tout joyeux de sa nouvelle denture et ce, sous les yeux hagards de son frère. Ce genre d'initiative somme toute louable, mérite des encouragements de tous. Dès lors, il ne faudra pas s'étonner, si demain on nous annonce d'autres «bonnes nouvelles».