Les positions des principaux antagonistes du congrès du mouvement islamiste semblent désormais définies. Ça chauffe au MSP. La tension monte à deux jours du 4e congrès du parti. Les deux candidats, officieusement déclarés à la présidence du parti, livrent les dernières escarmouches dans les coulisses avant la «bataille» du congrès, de mardi. Abdelmadjid Menasra, candidat à la présidence du MSP et Mohamed Djema, porte-parole du parti, dévoilent à L'Expression les secrets de cet enjeu à la veille du jour «J». L'élection du prochain président du MSP par le congrès reflète-t-elle réellement une étape de démocratie pour le mouvement? M.Soltani préfère ne pas répondre à nos questions, laissant au porte-parole du parti, M.Djema, le soin de préciser les choses. «Nous sommes plus démocrates et plus modernes. Nous voulons une élection et non pas une désignation. Nous voulons exercer la démocratie d'abord au sein de notre formation avant de la revendiquer. Au MSP, nous refusons d'aller vers une oligarchie. Nous ne voulons pas mettre le parti entre les mains d'un groupe restreint. Il faut impliquer la base dans l'élection de son président. Nous n'exerçons pas la politique de marginalisation et de l'expulsion», a-t-il dit à L'Expression. Sur cette question M.Menasra indique: «Contrairement à ce qui a été rapporté, je tiens à préciser que j'ai bien dit que l'élection du président par le congrès est une politique de dictature. C'est un projet dictatorial, car le choix du conseil veut aussi dire une élection démocratique. Le conseil consultatif ne reflète en réalité que la volonté des congressistes. Ces derniers participent, indirectement, au choix de leur président, à travers la désignation du majliss. Je trouve que c'est une véritable démocratie. Pour moi, la démocratie consiste à être élu par une instance permanente. Le congrès ne dure que trois jours, mais le majliss echoura est permanent. Il jouit de toutes les prérogatives pour contrôler et demander les comptes au président du mouvement.» Des propos qui ne semblent pas convaincre le porte-parole du parti. M.Djema assure qu'il serait «antidémocratique si quelque 208 membres du madjliss echoura décident à la place de 1400 congressistes. Le congrès est la plus haute instance du parti. Personne ne peut s'exprimer à la place de la base. Le dernier mot revient aux congressistes. C'est à eux d'élire un président en toute démocratie et transparence». Pour M.Menasra la question se ne pose pas à ce niveau. «Je respecte les avis des délégués qui prendront part au prochain congrès. Je m'alignerai sur leur démarche et j'accueillerai à bras ouverts leur décision», souligne le premier concurrent de Bouguerra Soltani. Dans le camp de M.Soltani, on affirme que les choses sont déjà acquises pour l'actuel président. Pour eux, M.Menasra n'a rien à espérer «au moment il n'a pas le soutien de la base. Menasra est convaincu qu'il n'a pas plus de force ni de chance pour remporter la présidence du parti lors du prochain congrès. Le jeu est ouvert», estime-t-on dans le camp du président sortant. M.Menasra ne l'entend pas de cette oreille. «Le congrès n'est pas un jeu. C'est une opportunité pour exercer la démocratie au sein du parti, comme cela était le cas ces derniers temps au niveau des communes et des wilayas et même au niveau du conseil consultatif. Ce dernier n'a fait que traduire les convictions des militants sous forme d'amendements et de modifications apportés au règlement intérieur du mouvement. Il n'existe aucun jeu fermé. Au contraire, il y a en place des instances qui ont pris des décisions et des amendements qui seront soumis au congrès. Ce dernier est le seul qui peut valider ou rejeter les amendements proposés.» Sur le sujet de l'Alliance présidentielle, M.Menasra ne semble pas partager le principe de coopération préconisée par Bouguerra Soltani. «Nous refusons que le MSP soit l'enfant orphelin de l'Alliance. Le MSP ne doit pas continuer à être le maillon faible de cette coalition. Il faut qu'il y ait impartialité et équité au sein de cette Alliance. La divergence se situe au niveau de la participation.» M.Menasra insiste sur le fait que «l'Alliance doit se poursuivre, mais il faut revoir son mode de fonctionnement». Au sujet du soutien au président Bouteflika pour un 3e mandat, Menasra précise: «Les détails vous les aurez au moment opportun. Il faut laisser le temps au temps», conclut-il.