Les candidatures au poste du président du MSP dominent, ces derniers jours, l'actualité au sein du parti. Dans les coulisses, les discussions entre militants et cadres du MSP ne tournent qu'autour de ce sujet. Deux candidats potentiels sont déjà connus. Il s'agit du président sortant, Bouguerra Soltani, et son sérieux rival, Abdelmadjid Menasra. Les deux hommes se livrent, en effet, une guerre sans merci. Mais tout se passe en douce. « Le parti ne lave pas son linge sale en public », se plaisent à dire les responsables du MSP. L'on tente toujours de résoudre les conflits internes en recourant à l'instance suprême du parti, en l'occurrence le conseil consultatif. C'est dans la perspective du 4e congrès que le bureau politique du parti a décidé, lundi dernier, de dépouiller Bouguerra Soltani de ses prérogatives en tant que porte-parole du MSP. Le poste est confié actuellement à Mohamed Djamaâ. La décision est prise pour éviter l'utilisation de ce poste pour influer sur la base militante. Le parti est scindé en deux groupes antagonistes, même si Abdelmadjid Menasra préfère parler « d'un climat de fraternité ». La prestation du ministre d'Etat sans portefeuille, Bouguerra Soltani, depuis son intronisation à la tête du MSP, laisse, selon ses détracteurs, à désirer. Ses déclarations, faites en 2006, sur l'implication de hauts responsables dans des affaires de corruption lui ont valu une réprimande venant d'abord du président de la République, avant que ses opposants au sein de sa formation ne montent au créneau pour lui tracer les lignes rouges. Et ce n'est pas fini. A l'approche de la date du 4e congrès du parti, prévu initialement pour la fin du mois de juillet 2008, la crise que couve le parti s'exacerbe. Pour couper l'herbe sous le pied à « l'opposition », Bouguerra Soltani décide d'avancer la date du congrès au 26 mars. Le prétexte avancé. « Plusieurs échéances sont prévues en 2008, donc il faut avancer la date du congrès », déclare Bouguerra Soltani en faisant allusion à la révision constitutionnelle. L'argument du président du parti ne tient pas la route, estime Abdelmadjid Menasra. « L'échéance interne du parti est prioritaire. En plus, le 4e congrès est un congrès ordinaire et on doit respecter la date initiale pour son organisation. Il faut souligner encore que l'organisation du congrès pendant l'été permettra au parti d'économiser beaucoup d'argent », nous affirme Abdelmadjid Menasra, en refusant, cependant, de faire un commentaire sur le bilan de Bouguerra Soltani à la tête du MSP. Différence de visions ? La décision du bureau politique du parti de reporter d'un mois la date des 4es assises, fixée pour le 29 avril prochain, ne fera que calmer les esprits pour un certain moment. Les hostilités vont certainement reprendre dans les prochains jours. Les causes sont multiples. La proposition faite par les opposants de Bouguerra Soltani d'introduire dans les statuts du parti l'interdiction au futur président d'exercer des fonctions officielles ne fait pas l'unanimité. « C'est une proposition. Au MSP, tout le monde a le droit de proposer, mais la décision finale sera prise par le congrès qui est souverain », déclare Nouamane Laouar, chargé de l'organique au MSP. Selon lui, les textes du congrès sont proposés à débat au niveau de la base. « Ils (les textes) seront enrichis également lors des congrès des wilayas devant avoir lieu à partir du 13 mars », ajoute-t-il. Nouamane Laouar qualifie également la rivalité entre Bouguerra Soltani et Abdelmadjid Menasra « de situation ordinaire au sein du MSP, où tout le monde peut s'exprimer librement ». Pour sa part, Abdelmadjid Menasra refuse de parler d'une crise au sein du MSP. Pour lui, « il y a une différence de vision ». « Quand nous avons des avis différents, nous ouvrons un débat. S'il n'y a pas de consensus, c'est le conseil consultatif qui tranche », précise-t-il. L'autre raison qui serait, selon les observateurs, à l'origine de cette crise est la question de la révision constitutionnelle. La majorité des cadres et militants du MSP estime que leur parti n'a pas le droit de s'exprimer sur un projet de texte, dont le contenu n'est pas encore connu. « Pourquoi se prononcer sur la révision constitutionnelle ? Nous ne connaissons pas le contenu du projet et le parti politique ne se prononce pas sur un fait qui n'a pas eu lieu », lance encore Abdelmadjid Menasra. « Nous ne sommes pas pressés », enchaîne de son côté, Nouamane Laouar.