L'ex-chef de la diplomatie marocaine a déclaré que l'Algérie veut avoir une fenêtre sur l'océan Atlantique. L'incident qui s'est produit à Tanger ouvre l'appétit aux Marocains. L'ancien ministre des Affaires étrangères chérifien, Abdelatif Filalli a pris le relais. «L'Algérie vise à travers son soutien à la cause sahraouie à avoir un accès sur l'océan Atlantique», a déclaré l'ex-chef de la diplomatie marocaine. Les propos de l'ex-ministre ont été rapportés en grand format, hier, par le quotidien arabophone El Massa, l'un des quotidiens les plus diffusés au Maroc. «L'Espagne et le Maroc n'autorisent pas l'Algérie à avoir une fenêtre sur l'océan Atlantique», a-t-il martelé. Voilà une redondance que l'on pensait révolue. Or, le Maroc n'arrive pas à s'en défaire. La sortie de l'ex-ministre, à l'occasion de la présentation de ses Mémoires, n'est pas un pur hasard. Or, M.Fillali a joué un rôle primordial dans le gel d'activité de l'Union du Maghreb. C'est lui qui, en 1994, alors qu'il était Premier ministre et ministre des Affaires étrangères du Royaume chérifien, avait écrit au président en exercice de l'UMA, Zine El Abidine Ben Ali, lui demandant de «geler les activités» de l'UMA suite au message du président Liamine Zeroual à la Commission de décolonisation de l'OUA qui venait de s'autodissoudre, lui rappelant qu'il existe encore un pays africain sous domination, le Sahara occidental. Ceci pour l'histoire. S'il existe une velléité expansionniste c'est bien celle du Maroc. Nous notons que certaines parties au Maroc ont mis à profit la célébration du 50e anniversaire de la Conférence de Tanger pour revenir sur un dossier dont ce n'était ni le lieu, ni le moment pour l'aborder. En rebondissant sur la question du Sahara occidental, certains milieux politiques marocains faisaient, en fait, un mauvais procès à l'Algérie, dont la constante a toujours été la défense de principes qui ont fondé notre propre lutte de Libération. L'interprétation faite par l'ex-chef de la diplomatie marocaine est considérée comme une réplique directe à la position algérienne sur le Sahara occidental. Ce n'est pas du tout surprenant que M.Filalli fasse siens les propos de Mohamed El Yazghi, dirigeant de l'Union socialiste des forces populaires (Usfp). Dans son intervention, dimanche dernier au 50e anniversaire de la Conférence de Tanger, El Yazghi a mis en exergue les véritables obstacles qui, selon lui, freinent l'édification de l'UMA, à savoir «l'obstination» de l'Algérie à faire «durer» le dossier du Sahara occidental. «Les dirigeants des pays maghrébins frères et en particulier le président algérien, Abdelaziz Bouteflika, doivent soutenir le projet marocain de l'autonomie pour le faire sortir de l'impasse où il se trouve actuellement», a dit M.El Yazghi. Or, le projet d'autonomie que propose le Maroc n'est que l'un des aspects soumis à l'examen du Conseil de sécurité et qui fait l'objet de négociations entre Rabat et le Front Polisario. Cela a d'ailleurs fait réagir le secrétaire général de l'instance exécutive du FLN, Abdelaziz Belkhadem présent à Tanger. «L'Algérie a toujours défendu les mouvements de libération, notamment en Guinée Bissau, au Mozambique, en Angola et dans le voisinage...», a-t-il notamment déclaré. Une position de principe qu'il fallait réitérer. Tout en reconnaissant le rôle de la réunion de Tanger dans la guerre de Libération nationale, M.Belkhadem a mis au clair la position de l'Algérie. Une position qui a toujours été conséquente quant à la défense du droit des peuples à l'autodétermination. Si aujourd'hui l'UMA est bloquée, cela est dû au seul Royaume chérifien qui veut imposer sa volonté dans le cas du Sahara occidental, qui reste le dernier territoire africain à décoloniser.