Jalouse que la Mauritanie devienne un producteur de pétrole à partir de la fin 2005, l'Algérie serait, d'une manière ou d'une autre, derrière l'attaque meurtrière (du 4 juin dernier) contre le poste militaire mauritanien de Lemgheity », situé près de la frontière avec le Mali. Tout au long de la semaine dernière, c'est l'information qu'ont fait circuler, à travers leurs relais, à Nouakchott notamment, les services secrets marocains. Ces derniers ont même tenté d'accréditer - en distillant des rumeurs - la piste d'un groupe dissident du Front Polisario qui aurait alors perpétré une opération de déstabilisation en plein territoire mauritanien. Il faut s'avouer que cet incident survenu tout proche des frontières avec l'Algérie et le Sahara-Occidental est venu atténuer la tension subie par le Maroc au plan régional et international. L'Algérie provoquée Ceci particulièrement suite aux manifestations des Sahraouis d'El Ayoun (ville des territoires occupés), quelques jours avant l'attaque de Lemgheity. Mais aussi et surtout après l'échec de la tenue en Libye, le 26 mai dernier, du sommet de l'Union du Maghreb arabe (UMA). Rabat voulant faire semer, dans la tête des Mauritaniens, la thèse d'une « stratégie algérienne visant à affaiblir ses voisins », nous affirme un membre de la Direction de la surveillance du territoire (DST). La fameuse expression « L'Algérie superpuissance du Maghreb » est évoquée pour jeter le doute sur les autorités algériennes. Dans cette affaire de Lemgheity, une information a circulé dans les rédactions de certains journaux, quarante huit heures après l'incident, selon laquelle « le Maroc a été le premier à alerter les autorités mauritaniennes de cette attaque tout en proposant les services de son armée ». Une information ni confirmée ni infirmée, mais qui a fait dire à un journaliste mauritanien se confiant à nous : « Les Mauritaniens ne peuvent oublier les véritables intentions du palais royal » dans toute entreprise d'aide ou d'assistance. Cela même si le journal Nouakchott-Info écrit : « Comme après le 8 juin 2003 (jour d'une tentative de putsch), le Maroc est toujours le premier pays à nous exprimer sa solidarité et sa compassion. » Un commentaire greffé à la visite entreprise, le 8 juin dernier à Nouakchott, par Mohamed Benaïssa, ministre marocain des Affaires étrangères, s'empressant de marquer des points positifs pour son pays. Ce diplomate venait en fait de boucler une tournée maghrébine qui l'avait mené en Tunisie et en Libye, mais pas en Algérie. Forcing marocain Sa présence a coïncidé avec l'annonce du lancement prochainement d'une ligne maritime entre le Maroc, la Mauritanie et le Sénégal. Cela viendra consolider, applaudissent des Marocains que nous avons rencontrés, la réalisation de la route bitumée Tanger-Nouadhibou et qui continue vers Nouakchott. Bien que la réalisation de cette dernière liaison (Nouadhibou-Nouakchott), dont les travaux ont été confiés à une entreprise tunisienne, « connaît du retard », nous affirme un fonctionnaire en charge de ce dossier. En tous cas, à travers les rues de la capitale mauritanienne, des restaurants, des cafeterias et autres commerces fleurissent avec souvent une mention s'identifiant au Maroc. Des commerçants d'épices et de produits marocains ont même élu domicile en plein centre-ville de Nouakchott (près d'une caserne militaire et de la mosquée Echorfa, connue pour être proche des islamistes). Tout ce beau monde veut peser de son poids, et ce, d'autant plus que le roi Hassan II avait financé la construction, à Nouakchott, d'une mosquée et d'un centre culturel constituant aujourd'hui un repère pour s'orienter dans la capitale mauritanienne. Ainsi, les autorités marocaines tentent, par tous les moyens, de contrebalancer l'influence des Sahraouis et des Algériens dans le pays de Ould Sid Ahmed Taya. Un pays dont le destin est désormais lié à la découverte de pétrole, à l'activisme islamiste et aux relations controversées avec l'Etat d'Israël.