Alors que les résultats du scrutin présidentiel du 29 mars ne sont toujours pas connus, le Conseil de sécurité veut prévenir le scénario kenyan. Un mois, jour pour jour, après le scrutin présidentiel du 29 mars, dont l'issue reste toujours incertaine, le Conseil de sécurité de l'ONU se penchait hier sur la situation au Zimbabwe où règne un climat de violence et d'intimidation. Au moment où le régime du président Robert Mugabe, au pouvoir depuis près de trois décennies, accuse l'opposition d'attiser les tensions dans le pays, six experts de l'ONU ont dénoncé des agressions ´´organisées et coordonnées´´ et le recours à la torture contre les opposants. Dans un communiqué conjoint publié à Genève, les spécialistes des droits de l'Homme affirment disposer d'informations fiables sur des ´´actes d'intimidation, de violence et de torture´´ contre des personnes soutenant l'opposition. A Harare, la Commission électorale du Zimbabwe a indiqué qu'elle entendait réunir jeudi, les candidats à la présidentielle ou leurs représentants afin d'obtenir un consensus sur les résultats du scrutin. Son président, George Chiweshe, est cependant resté une nouvelle fois évasif sur la date à laquelle les résultats pourraient être enfin annoncés. Morgan Tsvangirai, chef de l'opposition, a déjà revendiqué la victoire avec plus de 50% des suffrages, en se basant sur les résultats affichés sur chaque bureau de vote. Le parti de Robert Mugabe assure qu'un second tour est nécessaire. Cette incertitude alimente un climat de violence qui vise, selon Zimrights, la principale organisation de défense des droits de l'Homme du pays, à intimider les électeurs ou à les empêcher de se rendre aux urnes dans l'éventualité d'un second tour. ´´Nous sommes témoins d'une forme de tricherie´´, a déclaré, hier, son président, Kucaca Phulu. ´´S'il y a un second tour, ce qui nous inquiète, c'est qu'un grand nombre de déplacés ne pourront pas rentrer chez eux pour voter´´, a-t-il ajouté. Le Mouvement pour le changement démocratique (MDC) affirme qu'au moins 15 personnes ont été tuées et des centaines blessées dans le cadre de cette campagne d'intimidation. Le gouvernement, qui a toujours démenti ces accusations, a accusé, à son tour, l'opposition d'être à l'origine du climat de tension dans le pays. ´´Il y a une avalanche de déclarations irresponsables - depuis l'intérieur et l'extérieur du pays - par des personnes et des organisations qui veulent nuire´´ au Zimbabwe, a indiqué George Charamba, porte-parole de Mugabe. Leur objectif ´´est d'attiser les tensions pour provoquer des crimes à caractère politique à travers le pays´´, a-t-il ajouté, affirmant que le pouvoir était déterminé à ´´empêcher toute action qui pourrait conduire à l'anarchie´´. Dans ce cadre, la police anti-émeute avait effectué vendredi un raid sur le siège du MDC officiellement à la recherche d'auteurs d'incendies criminels, et avait arrêté toutes les personnes qui s'y trouvaient. Hier, 185 des personnes interpellées ont été remises en liberté, au lendemain d'une décision de justice qui ordonnait à la police de les inculper ou de les relâcher. A New York, le Conseil de sécurité des Nations unies évoquait hier la situation au Zimbabwe, au lendemain d'un appel de Tsvangirai qui a réclamé la nomination d'un ´´envoyé spécial´´ de l'ONU pour enquêter sur les violences et participer à la résolution de la crise. L'organisation Human Rights Watch a appelé le Conseil de sécurité à reconnaître l'existence d'´´une menace pour la paix et la sécurité de la région´´ et à envisager des sanctions. ´´La violence d'Etat au Zimbabwe continue à augmenter et rien n'indique qu'elle va prendre fin, les Zimbabwéens ordinaires se retrouvent sans protection´´, a indiqué Georgette Gagnon, directrice de HRW pour l'Afrique. L'Union européenne, qui interdit depuis 2004 les ventes d'armes au Zimbabwe, a appelé hier à un ´´moratoire international´´ sur ces ventes.