La célébration de la Fête des travailleurs est placée cette année sous la menace d'une flambée des prix sans précédent. Quel sens donner à la célébration de la Fête des travailleurs en Algérie? Le citoyen ne sait plus où donner de la tête. Huile, viandes, pomme de terre, légumes, fruits...tout paraît presque inaccessible. L'Algérien consacre 80% de son budget pour son alimentation. Le coeur n'est vraiment pas à la fête. Surtout en ce jour de 1er Mai. Ce n'est ni la fête du travail ni celle au travail. L'Algérie officielle l'a commémoré depuis Constantine. Tayeb Louh et Abdelmadjid Sidi Saïd côte à côte. Ils ont procédé, à la Maison du syndicat, à l'inauguration de deux plaques commémoratives. Elles continueront à faire revivre la mémoire de deux figures emblématiques du syndicalisme en Algérie. Aïssat Idir et Abdelhak Benhamouda. Deux martyrs. Le premier nommé de la guerre de Libération nationale et le second de l'Algérie indépendante, tombé sous les balles assassines des hordes terroristes. Il est vrai que pendant plus de dix années, l'Algérie était plus occupée à enterrer ses morts, ses enfants qu'à penser aux acquis sociaux ou à la lutte des classes. Aujourd'hui que la République a redressé la tête, qu'en est-il des traditionnelles luttes ouvrières? Le terrain syndical en Algérie s'est enrichi de ce que l'on appelle les syndicats autonomes nés dans la foulée du multipartisme et qui ont grandi dans le sillage d'une guerre implacable qui a été menée contre un terrorisme aussi sanglant qu'aveugle. Ces organisations syndicales auront marqué particulièrement, le premier trimestre de l'année 2008. Des grèves nationales de plusieurs jours ont été déclenchées. Elles ont surtout mobilisé les secteurs de la santé et de l'éducation nationale. Motif principal: le rejet de la nouvelle grille des salaires. En d'autres termes, les syndicats autonomes rejettent les récentes augmentations des salaires. Ils les jugent insuffisantes et ne répondant pas aux attentes des fonctionnaires, selon les représentants des syndicats. Il y a une autre revendication. Elle est de taille celle-là. Les syndicats autonomes veulent devenir un partenaire social qui compte. Ils veulent être associés dans les futures négociations avec les pouvoirs publics. Au même titre que ce «grand frère»: l'Union générale des travailleurs algériens. Le ministre du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale avait déjà appelé à l'instauration d'une «culture du dialogue social» sans exclusive. Qu'en est-il depuis? Les pouvoirs publics semblent avoir fait marche arrière. Abdelmadjid Sidi Saïd a reçu un appui sans réserve de la part de l'ensemble des 2 partis politiques au pouvoir, FLN et RND. Il a été triomphalement reconduit à la tête de la Centrale syndicale lors du XIe congrès de l'Ugta. L'Union générale des travailleurs algériens qui se targue de posséder en son sein une exceptionnelle force de quelque 1.600.000 adhérents, s'avère un partenaire incontournable pour le gouvernement. Elle a opté de surcroît pour le dialogue et exclut l'affrontement. Ce qui, en toute apparence, fait les affaires des uns et des autres. Le terrain des luttes syndicales est-il abandonné au profit de syndicats autonomes? Ces derniers ne semblent pas de toute façon se faire prier pour l'investir. Lutte des classes? Classe ouvrière? Des concepts révolus. Cette nouvelle race de syndicalistes vous parlera de crise sociale et de dégradation du pouvoir d'achat. Karl Marx sera-t-il ressuscité? De toute évidence cette crise est une crise d'un système capitaliste mondial qui laissera sur son chemin une armée de quelques centaines de millions d'êtres humains. Des laissés-pour-compte pour qui le 1er Mai ne veut absolument rien dire.