La manipulation des médias étrangers, qui présentent l'Algérie comme une zone de guerre et un fief des groupes terroristes, pourrait freiner les investissements italiens. La situation sécuritaire dans le pays ne constitue pas un frein pour les investisseurs italiens déjà implantés dans le pays, mais pourrait avoir un impact négatif sur les investissements potentiels. C'est là un aveu de l'ambassadeur d'Italie en Algérie, Giampaolo Cantini, invité de notre rubrique «A coeur ouvert». «Les groupes italiens, qui ont choisi d'investir en Algérie et qui sont restés même dans les moments les plus difficiles, sont parfaitement informés de la situation dans le pays. Ce n'est pas le cas, malheureusement, pour les investisseurs italiens qui n'ont jamais mis les pieds dans ce pays», affirme le diplomate italien. La manipulation des médias étrangers, qui présentent l'Algérie comme une zone de guerre et un fief des groupes terroristes, complique davantage la situation. «Les Italiens sont informés de ce qui se passe dans le pays, à travers les médias occidentaux qui ne sont pas toujours neutres dans leur analyse. Sans oublier, il faut l'avouer, que l'Algérie ne constitue pas un centre d'intérêt pour les journaux italiens», a-t-il souligné. Il y a un véritable travail de communication qui doit être effectué sur le terrain. La balle, semblait-il dire, est dans le camp des Algériens. «C'est au gouvernement algérien et à la représentation diplomatique de l'Algérie à Rome de guider ce travail de promotion de l'image de l'Algérie.» Le concept est identique partout dans le monde. «Le tourisme, les échanges culturels sont autant de moyens qui pourraient jouer en faveur de l'Algérie», poursuit-il. Concernant la représentation diplomatique de l'Italie en Algérie, excepté les consignes de sécurité ordinaires invitant les ressortissants à être prudents en circulant dans certaines régions intérieures du pays, aucun bulletin spécial n'a été publié sur son site, même au lendemain des attentats spectaculaires ayant ébranlé le coeur de la capitale. «Bien sûr, nous insistons auprès des autorités algériennes compétentes pour renforcer la sécurité au niveau des chantiers où travaillent les Italiens. Nous n'avons aucun doute quant à la capacité des services de sécurité à préserver la sécurité de nos ressortissants», affirme l'ambassadeur d'Italie, Giampaolo Cantini. Notre invité confirme que, contrairement à d'autres groupes étrangers, «il n'y a eu aucun rapatriement des familles des employés italiens exerçant en Algérie.» Aussi, «aucun groupe italien n'a l'intention de quitter le pays ou de réduire ses effectifs», alors que le nombre des ressortissants italiens résidant en Algérie est évalué à 1500 personnes. Autant de démarches de bonne volonté qui témoignent de l'intérêt porté au marché algérien. D'ailleurs, l'ambassadeur, M.Giampaolo Cantini annonce «des possibilités de coopération avec de grands groupes italiens» sans toutefois donner de détails sur l'identité de ces groupes ou la nature de leurs activités. Les investissements italiens qui ont atteint le seuil des 50 millions d'euros en 2006 pourraient franchir, selon une estimation faite par le diplomate italien, les 170 millions et ce, grâce au projet d'investissements réalisés, notamment dans le cadre des privatisations: «L'accélération de ce processus servira sans aucun doute à booster les investissements italiens», assure-t-il. Par ailleurs, il faut savoir que le nombre d'entreprises italiennes implantées en Algérie est passé de 82 en 2002 à 135 en 2008. L'Algérie est classée troisième après la Tunisie et l'Egypte en termes d'investissements italiens. De plus, l'ambassadeur d'Italie insiste, par ailleurs, sur le fait que l'aspect sécuritaire n'est pas le seul facteur pénalisant la promotion des investissements en Algérie, «même s'il constitue un élément central»; en effet, «la bureaucratie et le système bancaire algérien contribuent sans aucun doute à envenimer le climat des affaires». Le diplomate italien évoque, sur sa lancée, les difficultés rencontrées par les hommes d'affaires italiens dans l'obtention des visas de longue durée, alors que les hommes d'affaires algériens obtiennent leurs visas en une journée, fait remarquer l'invité de notre journal.