Les pays tels que les USA, la Grande-Bretagne, la France, notamment, continuent de classer l'Algérie parmi les 45 pays à risques. Le “Warning Travel” est devenu ainsi un sérieux facteur de blocage. C'est un sujet presque tabou. On en parle à demi-mots. Et pourtant, le classement du risque Algérie par les chancelleries de nos principaux partenaires économiques signale que l'Algérie reste pour cette perception officielle occidentale une terre d'aventure. Des restrictions dans la circulation des personnes, dans notre cas des hommes d'affaires étrangers, invitent en fait les investisseurs à se détourner du pays. Commençons par la perception du risque des affaires étrangères françaises. Hyper prudent, le Quai d'Orsay classe l'Algérie parmi les 45 pays dangereux. Si pour certains pays, c'est une région ou une partie du territoire comme pour le Rwanda (la zone concerne uniquement la frontière avec le Burundi), pour l'Algérie, c'est tout le pays qui est déconseillé. Si l'Algérie ne fait pas partie des 28 pays où les séjours sont formellement et dans tous les cas déconseillés, elle est néanmoins l'objet d'une alerte rouge. Les voyages, allusion aux ressortissants français et donc, les hommes d'affaires pour notre cas, sont déconseillés sauf raison professionnelle impérative. Le Maroc, la Tunisie, la Libye et l'Egypte ne font pas partie de la liste des pays dangereux pour le Quai d'Orsay. Ce qui pénalise l'Algérie dans la course à l'investissement direct étranger dans la zone Afrique du nord. Cette position est justifiée par la prévalence d'un terrorisme résiduel : 242 morts au cours des quatre mois de 2004 (le classement toujours valide en ce début de mars a été établi suivant un rapport daté de 2004), et l'enlèvement de touristes européens dans le Sud. Bab El-oued, Place des Martyrs et Bachdjarah, zones interdites Si l'avertissement constate le retour à la paix à Alger, notamment au cœur de la capitale, il déconseille les quartiers périphériques qu'il qualifie d'être peu sûrs, allusion à Bab El-Oued, place des Martyrs et Bachdjarah, entre autres. Il faut être accompagné par une personne de confiance, éviter les déplacements nocturnes, les transports publics... Idem pour l'intérieur du pays. C'est à peu près la même position qu'ont adoptée le département d'Etat américain, les affaires étrangères italiennes et le Foreign Office britannique. L'Algérie, zone à risques, telle est précisément la position italienne. Rome considère par exemple le Nord comme dangereux. Elle cite en particulier Blida, Médéa et les régions montagneuses de Kabylie, l'intérieur de la région de Annaba et de Batna et l'ouest de Chlef, Aïn Defla, Mascara. Washington s'attarde sur l'enlèvement de 32 touristes européens en février 2003. Cependant, ces capitales occidentales reconnaissent toutes l'amélioration nette de la situation sécuritaire en Algérie, sans toutefois abandonner les mises en garde à l'adresse de leurs ressortissants lorsqu'il s'agit de voyager en Algérie. Ces positions sont contradictoires avec l'évaluation du risque Algérie par l'ensemble des agences d'assurance-crédit de l'OCDE, c'est-à-dire des pays les plus industrialisés. Ces dernières ont classé en 2005 l'Algérie au risque 4, comme la Tunisie et le Maroc, soit un assez bon risque. Ce qui constitue un signal pour les entrepreneurs étrangers d'investir en Algérie. Lobbying de Sonatrach et des voyagistes français Un groupe de voyagistes français est en train d'exercer des pressions sur le Quai d'Orsay pour que le Sud algérien soit considéré comme une zone sûre (voir article récent du Figaro sur le sujet). C'est aussi le sens de l'effort de Sonatrach, actuellement, pour conduire les compagnies étrangères et les sociétés travaillant avec la compagnie nationale à infléchir la position tout au moins des agences d'assurance-crédit de leur pays (classement risque 3 attendu qui correspond à un bon risque). Vérité de l'investissement : incertitudes dans l'action du chef de l'Etat Il faudra bien décrypter le sens des déclarations des différents patronats étrangers qui sont en train d'effectuer un ballet à Alger. Les clignotants rouges que nous venons de signaler ne sont jamais évoqués. Ils soulignent les problèmes des banques, du foncier et de la bureaucratie. Mais dans leurs rapports confidentiels, ils mettent aussi en avant le risque social, la corruption et l'attitude du chef de l'Etat. S'ils admettent qu'il dispose aujourd'hui de l'essentiel des leviers de commande, ils se demandent s'il va s'en servir à bon escient pour sortir le pays de ses difficultés, assainir les institutions et améliorer le climat des affaires. En somme, si les investissements directs étrangers restent faibles, rien ne sert de culpabiliser les opérateurs étrangers quand ils ne s'intéressent qu'au commerce. L'Algérie n'est pas le centre du monde. L'investisseur étranger a plusieurs alternatives. Notre pays est en compétition avec les autres états du monde en matière d'IDE. Le premier et essentiel effort reste donc assurer la stabilité politique. N. R.