Peut-on s'interroger sur la responsabilité des journalistes ou autres sur l'écriture de l'Histoire? L'auteur des ouvrages: Colonialisme, les crimes impunis, L'Emir Abdelkader, ni sultan, ni imam et Ali Maâchi, l'artiste martyr, a rendu, encore une fois, un hommage aux acteurs de la Révolution nationale, jeudi soir, à la Librairie générale d'El Biar (Alger), avec son dernier livre intitulé Mouvement national: des hommes et des repères. «Il y a des dossiers consacrés à de grands militants comme Messali Hadj, Ferhat Abbas et Saâd Dahleb», a indiqué Amar Belkhodja, cet ancien journaliste au quotidien El Moudjahid, qui se définit comme «chercheur libre», se consacrant à la recherche historique. L'auteur s'est, selon lui, attardé sur des événements qui ne sont pas très connus ou qui avaient été abordés par des historiens d'une manière fugace et qu'il va falloir approfondir. «Je travaille en fonction des "gisements" que je découvre et, parmi ces gisements, j'ai trouvé des documents sur l'assignation à résidence par les autorités coloniales de Messali Hadj, de 1943 à 1945, à Ksar Chellala où eurent lieu également des soulèvements le 18 avril 1945, la veille du 8 Mai 1945», a expliqué Amar Belkhodja qui a aussi rendu hommage à Emilie Busquat, l'épouse de Messali Hadj qui a toujours été aux côtés de son mari et qui a été la première à avoir confectionné le drapeau national. Le chercheur a également mis en exergue le combat mené par «les anonymes», citant à titre d'exemple, Roland Miette, un ingénieur agronome, le premier français à adhérer à un parti national algérien, qui assurera plusieurs mandats comme conseiller, élu sur la liste de l'Udma (Union démocratique du manifeste algérien) et Messaouda «l'héroïne oubliée», une femme ayant vécu au milieu du XIXe siècle, connue pour son grand courage et son sens élevé du patriotisme. Amar Belkhodja qui a travaillé à partir des documents, surtout des articles de presse nationaliste de l'époque tel que Egalité, L'Algérie libre, La République algérienne ainsi que d'archives locales et privées, a, en outre, mis en valeur notamment le rôle des moussebiline à travers l'histoire nationale et du football des années 20, qu'il a assimilé à ‘'une arme de combat''. L'écrivain a, par ailleurs, repris dans cet ouvrage, les témoignages de soldats français sur les séances de torture et leurs conséquences désastreuses sur les victimes lorsqu'elles ne sont pas tout simplement assassinées. Peut-on s'interroger sur la responsabilité des journalistes ou autres sur l'écriture de l'Histoire? Certes la question dérange ceux qui, au nom d'une certaine conception de la langue, excluent de leur champ toute considération pratique, et se réclament d'une «éthique scientifique de non-intervention». Ecrire, c'est bien beau. Mais aborder l'écriture de l'Histoire n'est pas chose facile, car c'est une arme à double tranchant. Autrement dit, c'est renoncer à la quête illusoire d'une vérité et d'une objectivité impersonnelles pour réfléchir sur les fondements épistémologiques, idéologiques et esthétiques de la représentation des événements historiques. Car, dans l'écriture de l'Histoire se joue un rapport au présent avec la littérature qui se trouve ainsi impliquée dans la construction d'un avenir, d'une culture et d'une identité nationale.