Sous la pression des forces de sécurité, les terroristes fuient le maquis pour se réfugier à la périphérie des centres urbains. La situation sécuritaire connaît, ces trois dernières semaines, un regain d'actes terroristes. Droukdel et ses sbires semblent focaliser sur les attentats dits classiques, entre autres, actes de sabotage, faux barrages et surtout des attentats à la bombe artisanale. Selon les observateurs de la situation sécuritaire, cela démontre l'état de crise dans lequel sont acculées les troupes de l'ex-Gspc. Si, depuis leur allégeance à la nébuleuse d'Al Qaîda, en septembre 2007, cette organisation terroriste a favorisé les attentats kamikazes, en revanche, ces deux derniers mois, il n'y a que des actes de type traditionnel, autrement dit, de très faible impact médiatique et psychologique. Que s'est-il réellement passé? Selon des sources très au fait du dossier sécuritaire, les principaux responsables du réseau qui ont planifié et exécuté une dizaine d'attentats kamikazes ont été éliminés. Le cerveau de ce groupe n'est autre que l'émir Halouane Amrane alias Handhala, il était âgé de 36 ans et avait rejoint le maquis du GIA en 1994, avant de rejoindre, par la suite, le Gspc en 1998. Ce dernier, très proche de Droukdel, a été abattu par les forces spéciales de l'ANP dans la localité de Si Mustapha. Au cours du mois de février dernier, l'autre élément balancé par son chauffeur après qu'il ait été désigné à faire le kamikaze, en l'occurrence Bouzegza Abderrahmane, âgé de 30 ans et présenté par des sources officielles comme étant l'architecte des attentats du 11 décembre dernier à Alger. Il a été abattu par les services spéciaux à Souk El Had, en février dernier. Par conséquent, le Gspc ne pourrait être que très démuni dans sa stratégie kamikaze. Sous la pression des forces combinées de sécurité, les terroristes fuient le maquis pour se réfugier à la périphérie des centres urbains. Cela est corroboré par l'attentat à la bombe perpétré dans la ville de Constantine, le 18 avril dernier, contre des policiers, lequel a été lancé et planifié à partir des quartiers périphériques. Cela étant, les actes terroristes sont perpétrés pratiquement à travers tous les points réputés chauds de la région centre du pays jusqu'au nord-est. A peine trois jours après l'attentat à la bombe contre un convoi de l'ANP à Aït Chafaâ, à environ 70km à l'est de Tizi Ouzou, où un militaire a été blessé, un autre militaire a été enlevé dans un faux barrage dressé à 5km au nord de Draâ El Mizan. Le militaire, un marin de 29 ans, a été retrouvé décapité. Ce faux barrage a été dressé sur la RN25 par une vingtaine de membres de la katiba Ennour activant dans la région. Toutefois, les hélicoptères de combat relayés par les troupes au sol ne cessent de survoler les maquis d'Amjoudh, Guergour et Boumahni où le mouvement suspect des groupuscules de l'ex-Gspc est signalé. Ces groupuscules se distinguent entre les sédentaires, les nouvelles recrues généralement en transit et ceux qui sont de passage. La présence de ces derniers à travers les massifs du Djurdjura et ses prolongements est confirmée par la destruction, il y a une dizaine de jours, d'une cache à Amjoudh comprenant un lot de matériel informatique et des denrées alimentaires. Une autre découverte à Assif Asserdoun, près de Bouzguène, à l'est de Tizi Ouzou, a confirmé une présence d'islamistes armés dans cette région. Cela est étayé encore par le passage signalé d'un groupuscule terroriste à Makouda, la semaine dernière, et un autre à Beni K'sila (Béjaïa). Cet activisme n'est pas l'apanage de la Kabylie, puisque Boumerdès, une autre région tampon entre la capitale et la Kabylie, est logée à la même enseigne. Plusieurs manifestations ont été enregistrées, en effet, à Boumerdès, plus précisément à l'est de la wilaya. Ainsi, un attentat à la bombe artisanale dissimulée sur la route de Chaâbet a occasionné pas moins de cinq blessés parmi les militaires, la semaine dernière. Une autre attaque survenue à Thénia, dans le même sillage, a fait une dizaine de blessés dans les rangs des militaires, dont quatre gravement touchés. Deux bombes ont été découvertes et désamorcées sur la route reliant la ville des Issers à celle de Timezrit au sud-est de Boumerdès et ce, quelques jours plus tard. Ces deux derniers jours, la localité de Baghlia, à l'extrême est de Boumerdès, a été le théâtre de trois explosions simultanées. Le premier engin dissimulé aux abords de la route reliant Baghlia à Ouled Aïssa, a ciblé les gendarmes. La déflagration, entendue à plusieurs kilomètres à la ronde, a endommagé le véhicule sans faire de victimes. Quelque temps après, soit au moment de l'arrivée des renforts de l'ANP, une autre bombe a explosé. Le bilan fait état de deux officiers de l'ANP tués et deux autres blessés. La troisième bombe a explosé quelques heures après non loin du premier endroit, soit au lieudit Ouled Abdellah, sis entre Baghlia et Ouled Aïssa, à 40km à l'est de Boumerdès. Les sources sécuritaires parlaient de six militaires blessés. Ce bilan a porté à huit le nombre de militaires blessés par les explosion durant ces trois derniers jours. D'autre part, un groupe terroriste, composé de 15 individus armés de kalachnikovs, a été aperçu à la sortie sud-est de Timezrit, en allant vers Aït Yahia Moussa, durant la semaine écoulée. Par ailleurs, le minibus subtilisé à Dellys par quatre terroristes, à la veille du week-end dernier, n'est toujours pas retrouvé par les services de sécurité. Aussi, à la lumière de ce qui se développe, le Foreign Office a adressé, le 16 avril dernier, une mise en garde aux ressortissants britanniques qui souhaiteraient voyager en Algérie, particulièrement à Boumerdès, Bouira, Tizi Ouzou, Béjaïa, Blida, Médéa, Tipasa, Chlef et Aïn Defla. Le bulletin qu'il a publié sur son site, au même titre que les Danois, d'ailleurs, relève que des attaques terroristes peuvent être lancées sans distinction contre les lieux fréquentés par des expatriés et des voyageurs étrangers. Enfin, il convient de rappeler que pas moins de 40 terroristes de l'ex-Gspc ont été abattus, ces trois derniers mois, à Boumerdès et Tizi Ouzou. Près de 700 individus impliqués dans les réseaux de soutien logistique ont été arrêtés et présentés devant la justice.