Cheikh El Mokrani signa le premier attentat contre une caserne militaire à Bordj Bou Arréridj annonçant les prémices d'une grande révolution. Il y a 137 ans, El-Mokrani et cheikh El Haddad soulevaient la Kabylie contre le colonialisme français. En ce cent trente-septième anniversaire, un riche programme a été concocté pour la célébration de cette insurrection. Les festivités commémoratives ont démarré hier à Kelaâ Ath Abbas dans la région de Seddouk. Pour marquer cette date, deux conférences ont été programmées par les organisateurs. Les chercheurs Djamel Aïssani et Sedik Djamel s'exprimeront autour respectivement de l'histoire culturelle de la Kelâa et son histoire politique et militaire. Ceci sur fond d'exposition artisanale, une caravane culturelle, un marathon et un tournoi de football. La mise en branle de la machine répressive coloniale contre la paysannerie algérienne sera accompagnée par la dépossession de ces derniers par des moyens illégaux, de leurs meilleures terres situées sur les riches plaines et terroir. Toutes les régions du pays ont répondu par des soulèvements populaires à l'occupation coloniale française dont le plus important a été incontestablement l'insurrection d'avril 1871 menée par les Mokrani d'Ath Abbas auxquels s'étaient joints le cheikh El Haddad de Seddouk, chef spirituel de la confrérie Rahmania, à laquelle adhéraient près de 200 tribus. Ce soulèvement des tribus paysannes de la vallée de la Soummam galvanisées par la foi et la détermination à combattre l'ennemi déterminé à asseoir sa domination par la force, l'oppression, l'arbitraire d'un demi-siècle d'occupation, aggravées par la misère induite par trois années de sécheresse et d'invasion de criquets (1866 à 1869), auxquels était venu s'ajouter le décret Crémieux de 1870, objet d'une discrimination, qui a accordé aux juifs d'Algérie le privilège d'accès à la nationalité française et aux droits qui en découlent, sont autant d'ingrédients qui ont conduit à la révolte qui prendra forme le 16 mars 1871, et sera dirigée par Mohamed El Mokrani. Une véritable «déclaration de guerre» par laquelle il avertissait qu'il s'apprêtait à combattre. El-Mokrani, à la tête d'un bataillon de 6000 hommes, signa alors le premier attentat contre une caserne militaire à Bordj Bou Arréridj. Cheikh Mohand Améziane El Haddad de Seddouk, qui jouissait d'un charisme dans la région, contribuera au soulèvement des masses populaires déjà très affectées. La bataille qui s'ensuivra se soldera par de nombreux morts dont Mohamed El Mokrani, tué à Bouira le 05/05/1871. Son frère Boumezrag l'enterre et continue le combat jusqu'en janvier 1872, date à laquelle il est arrêté et envoyé au bagne de Cayenne, en Nouvelle- Calédonie, comme le furent également Cheikh El Haddad, son fils Aziz et un nombre considérable de combattants. La wilaya de Bordj Bou Arréridj n'a pas été en reste en cette journée commémorative. La cérémonie est placée sous le signe de la «reconnaissance envers tous ceux qui ont entrepris la marche glorieuse de la nation algérienne, les armes à la main, jusqu'à la reconquête de la souveraineté nationale». Commémorer l'anniversaire de la mort d'El Mokrani, «c'est d'abord ouvrir un débat historique sur l'insurrection de 1871 et ses étapes», a indiqué Mohamed El Mili, ex-ministre, pour qui les faits et les actes coloniaux «doivent être à chaque fois révélés, de même que les conditions sociales des populations à cette époque». D'autres intervenants ont souligné qu'El Mokrani a «réussi à soulever une grande partie de la population algérienne, marquant l'histoire de la Nation et annonçant les prémices d'une grande révolution et la marche vers l'indépendance.»