Il semble bien que, depuis l'explosion qui s'est produite à Belouizdad, la semaine dernière, les attentats à la bombe artisanale se sont «déplacés» à la périphérie de la capitale. En fin de semaine, deux autres attentats à la bombe ont été enregistrés, le premier à Larbaâ, le second, heureusement, désactivé à temps, à Médéa, dans le quartier populaire de Bezouiche. Ce qui porte le nombre d'attentats à la bombe à trente, depuis le début du mois. L'engin, qui a explosé à Tabrent, quartier misérable et ex-fief de l'AIS, a été d'assez forte intensité. Placé à proximité d'un stade de jeunes, son seul souffle a pu blesser au moins trois citoyens qui étaient dans les alentours. Le quartier de Tabrent, qui reprend depuis quelques mois, la vie normale, est devenu, de nouveau, inquiétant, depuis cet attentat. Un petit tour, hier, dans ce quartier, qui fait encore peur, renseigne sur les nouvelles appréhensions des gens. «Désormais, nous dit un riverain, nous «descendons» en ville pour passer la nuit. Avec le départ des militaires qui occupaient un poste avancé sur les hauteurs de Tabrent, menant à Souhane et Djibolo, personne n'ose plus passer la nuit ici. La bombe qui a explosé et secoué toutes les habitations est un avertissement pour nous. Ça, c'est certain.» Pourtant, le même jour, nous assistons à un redéploiement de la garde communale qui, par camions entiers, et escortée par l'armée et la gendarmerie locale «remonte» sécuriser le village de Souhane, sinistre lieu qui avait fait fuir la plupart de la population vers la ville de Larbaâ et de ce fait, les bidonvilles de fortune ont poussé comme des champignons. Le lendemain, mercredi matin, un autre attentat a été évité in extremis à Médéa. Selon les habitants du quartier de Bezouiche, c'est un jeune qui, voyant un paquet suspect déposé à même le sol, donne l'alerte aux services de sécurité. Ceux-ci, intervenant dans la minute qui suit, ont pu désactiver à temps la bombe artisanale qui aurait pu, au vu de l'heure choisie pour son explosion, faire de nombreuses victimes. Trente attentats à la bombe en trois semaines. Plus de peur que de mal, certes, mais qui appellent à une vigilance extrême. Les spots télévisés incitant les citoyens à prendre garde aux paquets suspects, mis dans des lieux publics, sont l'aveu officiel que le danger non seulement persiste, mais pousse à plus de mesure dans l'appréciation du phénomène terroriste, qu'on disait en nette perte de terrain.