Durant le premier trimestre de l'année 2008, 547 affaires ont été traitées selon une étude effectuée au niveau du commandement de la Gendarmerie nationale. Clandestine, irrégulière...et tant d'autres qualificatifs, l'immigration qui ne connaît aucune frontière géographique, sera peut-être l'un des problèmes centraux de ce siècle. Devenue l'une des destinations préférées des ressortissants des pays subsahariens, dont certains tentent de s'y installer, l'Algérie peine à faire face devant ce phénomène. Durant le premier trimestre de l'année 2008, «les unités de la Gendarmerie nationale ont constaté 547 affaires». Cette statistique a été communiquée par le lieutenant Aïdat Ahmed de la cellule de communication du commandement de la Gendarmerie nationale à Chéraga, dans son étude sur l'immigration irrégulière. Ces affaires, précise le lieutenant Aïdat, ont conduit à l'interpellation de 2379 ressortissants de différents pays. Durant la même période de l'année 2008, les éléments de l'ANP ont constaté 12 affaires, et ont interpellé 100 personnes. Soit une hausse de 300% (3 affaires) et une hausse de 669% des personnes arrêtées (13 personnes). Aussi, les barrières dressées en Europe, pour contrer les flux migratoires, en provenance d'Afrique, ont fait des pays du Maghreb et notamment de l'Algérie, des pays où les candidats à l'émigration en Europe se «planquent», du moins dans l'attente d'une brèche qui leur permettra d'aller vers d'autres cieux. Comparativement à l'année 2007, «celle en cours a enregistré une hausse de 20% en termes d'affaires traitées tandis que les chiffres ayant trait aux personnes arrêtés ont baissé de 74%», précise l'étude. Par ailleurs, il faut tenir en compte que la «situation irrégulière» ou «le séjour illégal», n'ont pas été souvent reprochés aux immigrés clandestins. Ainsi, il est fait état d'implications dans des affaires de fausse monnaie, de falsification de documents officiels, d'escroquerie... Mais au-delà de l'approche purement sécuritaire, comment faut-il traiter ce phénomène pour en limiter les conséquences? Certains observateurs avaient pensé, au début, que ces immigrés africains ne faisaient de l'Algérie qu'un «pont» pour rejoindre l'Europe. Toutefois, le plus souvent, ces candidats à l'émigration vers l'Europe éprouvent les pires difficultés à rejoindre le nord de la Méditerranée, ce qui les contraints à demeurer sur place. C'est-à-dire en Algérie pour s'y installer avec leurs familles. Certains travaillent comme des simples ouvriers dans des chantiers privés de bâtiment. Cependant, le pire est ailleurs. Leur présence massive sur le territoire national, constitue une source de risques. «D'autres s'adonnent au commerce informel et à des activités illicites. Ils sont parfois signalés dans des habitations en construction, des appartements en location, des cités universitaires, des bains maures et des hôtels», précise le conférencier. Des problèmes de santé publique résultant de nouvelles pathologies, notamment le sida, mettent en péril la vie des Algériens. Par ailleurs, il est relevé parmi les immigrants interpellés une arrivée massive de Marocains (essentiellement des maçons et plâtriers). Pour la seule année 2007, 624 arrestations ont été opérées parmi ces migrants. S'agissant de l'immigration clandestine à l'ouest et à l'est du pays, elle est «en passe de prendre des proportions alarmantes, pouvant engendrer un impact préjudiciable à l'image de l'Algérie vis-à-vis de L'Union européenne», enchaîne le responsable à la communication du commandement de la Gendarmerie nationale. Selon ses propos, une nouvelle forme d'émigration clandestine (la harga), à laquelle se livrent des nationaux et même des étrangers s'est développée. Nombre d'entre eux, «tentent de rallier les côtes espagnoles et italiennes en utilisant des embarcations légères, achetées le plus souvent auprès des marins- pêcheurs», a-t-il, expliqué. Et d'enfoncer le clou: «Le matériel acquis semble être détourné de sa vocation initiale et orienté, contre toute logique, vers des activités liées au crime organisé...» Les wilayas de Tlemcen, Aïn Témouchent, Oran, Annaba et El Tarf sont les plus touchées par cette forme d'émigration clandestine. Qu'en est-il des mesures prises depuis octobre 2005 au niveau des principales wilayas, directement affectées par ce phénomène? La réponse ne semble pas, dans l'immédiat, évidente. En dépit du travail effectué jusque-là, l'Algérie a encore beaucoup à faire pour tenter de limiter et réguler les flux migratoires afin d'éviter que la situation ne devienne incontrôlable.