Evolution n Les immigrants clandestins qui transitent par notre pays pour rallier l'Europe ont choisi, à la faveur d'un certain nombre de facteurs, de s'installer chez nous. Ainsi, l'Algérie n'est plus le point de transit vers les pays européens comme cela est le cas depuis longtemps. Selon le chef du département de la police judiciaire du commandement de la Gendarmerie nationale, Djamel Abdessalam Zeghida, le pays est en train de se transformer en territoire d'accueil et de lieu de «fixation» pour les immigrants clandestins venant d'Afrique et de plusieurs pays asiatiques, notamment l'Inde, la Chine, le Bangladesh, le Pakistan, etc. Les clandestins sont issus de 48 pays dont la plupart sont africains (les Nigériens occupent la première place avec 55% du total des immigrants, suivis des Maliens, des Marocains, des Ghanéens…). «Les statistiques de la Gendarmerie nationale laissent apparaître une croissance très rapide de ce phénomène qui s'est accéléré durant les dix dernières années. La tendance à la hausse révèle que les prévisions dans un proche avenir seront beaucoup plus importantes», a averti, hier, le colonel Djamel Abdessalam, dans son intervention sur le «contrôle du flux migratoire aux frontiè-res», lors de la journée parlementaire sur la protection de l'économie nationale, organisée au cercle national de l'armée par la commission de la défense nationale. Le conférencier a affirmé que l'année dernière, pas moins de 7 824 personnes ont été arrêtées dans 1 755 affaires traitées, contre 2 806 seulement en 2000. Pour le premier trimestre de l'année en cours, 2 277 personnes, soit une moyenne de 759 par mois, ont été appréhendées, notamment dans les wilayas du Sud, à l'instar d'Adrar, d'Illizi et de Tamanrasset.«La fermeture des frontières et les durcissements opérés au niveau des frontières européennes, l'immigration clandestine en soi, la crise financière et la cadence de développement avantageuse qu'enregistre le pays sont derrière l'apparition de ce phénomène chez nous», a expliqué l'intervenant, en soulignant qu'une telle situation pose des problèmes sérieux à l'Algérie. Pour lui, l'immigration clandestine menace à la fois la sécurité et la santé publiques. Selon le colonel, les émigrants clandestins se connectent avec d'autres réseaux de criminalité comme l'escroquerie, le trafic de drogue, la constitution de réseaux de trafic d'armes, de documents et de billets de banques et la prostitution. «20% de ces immigrants clandestins ne se rendent pas aux services médicaux», a indiqué l'orateur. Cela constitue une menace potentielle pour la santé publique, étant donné que les clandestins africains sont susceptibles d'être porteurs du virus du sida. Abondant dans le même sens, le commissaire de police auprès de la direction de la police des frontières, Benchrif Mehdi, dans sa communication intitulée «Lutte contre l'immigration clandestine», estime que l'Algérie est devenue un pays de destination comme ceux de l'Europe. Il considère que les vagues de régularisation opérées par certains pays européens sont une cause parmi tant d'autres qui ont favorisé l'ascension effrénée de ce phénomène. Quand les Chinois refusent de rentrer chez eux ! l 99% des ressortissants chinois vivant en Algérie y rentrent légalement dans le cadre d'une immigration économique (pour le travail). Mais une fois le délai de leur séjour légal expiré ils se transforment en immigrants irréguliers et refusent de retourner dans leur pays. Ainsi, «26% d'entre eux deviennent, au fil du temps, des clandestins», a affirmé, hier, le commissaire de police auprès de la direction de la police des frontières, Benchrif Mehdi.