Rendez-vous est pris en juin pour un sommet de la FAO à Rome. La sortie médiatique tonitruante du président sénégalais est-elle circonscrite? Elle devrait trouver son épilogue après la déclaration, lundi, du secrétaire général de l'organisation des Nations unies. «Vu la gravité et le sérieux de la situation, je veux comprendre l'irritation de beaucoup de dirigeants africains et compatir avec eux, y compris le président Wade du Sénégal», a confié Ban Ki-moon à la presse. Ainsi, le secrétaire général de l'ONU comprendrait le coup de gueule d'Abdoulaye Wade sans plus. En clair, il n'est pas du tout disposé à partager les sévères critiques adressées par le chef de l'Etat sénégalais à l'encontre de la FAO, l'Organisation de l'ONU pour l'alimentation et l'agriculture que ce dernier a qualifiée de «gouffre d'argent». Plus grave, cette institution internationale dont la mission est d'intervenir auprès des populations les plus démunies à travers la planète, est tout simplement accusée par Abdoulaye Wade d'avoir favorisé la crise alimentaire mondiale. «C'est l'institution FAO qui doit être mise en cause», a affirmé Abdoulaye Wade dans une déclaration radio-télévisée sur la hausse des prix des denrées alimentaires. «Cette fois, je vais plus loin, il faut la supprimer», a-t-il ajouté d'un ton assuré et sec. L'agriculture sénégalaise subit au même titre que beaucoup d'autres pays africains, des dysfonctionnements dus en particulier à une production nationale pas assez conséquente. Le président de la République sénégalaise devant ce dilemme, vient de lancer un ambitieux programme afin d'atteindre l'autosuffisance alimentaire, notamment, en ce qui concerne le riz qui constitue la denrée de base de l'alimentation de la majorité de la population sénégalaise. L'Etat sénégalais en achète 600.000 tonnes/an. Cela lui coûte la bagatelle de 350 millions de dollars, ce qui a fait dire au président Wade: «Autrement dit, tout ce que nous produisons par ailleurs et exportons, sert en fait à importer et consommer pour 350 millions de dollars, ne laissant donc aucune place pour l'épargne. Nous avons vécu dans le cercle vicieux: produire, exporter, importer et manger!» Manger, manger à sa faim, c'est toute la détresse de l'Afrique. L'appel du président Wade traduit sans aucun doute cet appel «au secours». L'Afrique ne veut pas d'un argent qui ne lui parvient qu'en partie. Le chef de l'Etat sénégalais l'a clairement fait savoir: «Pour le compte du Sénégal, je souhaite qu'on ne m'impose pas de l'argent, mais qu'on m'apporte sur le terrain, sans intermédiaire, des semences, des engrais, de l'équipement, du matériel de mise en valeur et d'irrigation, des experts d'encadrement.» La descente en flammes de la FAO par Abdoulaye Wade n'a-t-elle été qu'un prétexte pour faire valoir ses doléances? Le secrétaire général de l'ONU défend bec et ongles l'organisation onusienne pour l'agriculture et l'alimentation. «J'aimerais souligner que, depuis sa fondation en 1945, la FAO a été à la pointe des efforts de la communauté internationale pour favoriser la production et son rendement et fournir l'aide humanitaire nécessaire à de nombreuses personnes affectées par des pénuries», a solennellement déclaré Ban Ki-moon. Le secrétaire général de l'ONU donne «rendez-vous» à tous les dirigeants du monde en juin à Rome, pour un sommet de la FAO. Abdoulaye Wade sera-t-il de la partie?