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“La colonisation française a été brutale et génocidaire”
Bouteflika persiste et signe
Publié dans Liberté le 08 - 05 - 2006

“Nous ne voulons pas d'une amitié cannibale.” Tel est le “dernier” mot de Bouteflika. Pas de traité sans excuses solennelles. Sans repentance. Sans une “autopsie morale du colonialisme”. Plus qu'une mise au point, plus qu'un sévère réquisitoire, son allocution au peuple de Guelma aura été une vraie “torpille” dans la “gueule” de la France. Une bombe !
“Nous ne devons pas oublier les fosses communes de mai 1945, ni les fours à chaux d'Héliopolis, pas plus que les bombardements de l'aviation et de la marine, les exécutions sommaires, les viols, tous ces meurtres de masse qui plongèrent les régions de Sétif, Guelma et Kherrata dans une ambiance d'apocalypse”, écrit le président de la République pour dire Sétif, Guelma et Kherrata. Le 8 Mai 1945. Pour dire l'horreur de la machine coloniale “renouant avec sa pulsion originelle, celle du déferlement de violence génocidaire”. Voilà. Le ton est donné. La messe est dite. Le mot est lâché. Génocide. Génocidaire. Substantif ou adjectif, il ponctuera pas moins de quatre fois le discours du Président. Comme “crime contre l'humanité”. “Fosses communes.” “Fours à chaux.” Pas de petits fours ni de cocktails dînatoires avec la France. Pas de concession sur l'Histoire. Pas de cadeau.
Pas de demi-mesure. Pas de Medef. Pas de niaiseries diplomatiques. Pas de quartier tant qu'il n'y a pas repentance.
C'est un fait : Bouteflika a “torpillé” la France. Dans une allocution très symbolique qu'il a adressée au peuple de Guelma et prononcée, hier par la bouche du ministre des Moudjahidine, M. Mohamed-Cherif Abbas, à l'occasion de la commémoration du 61e anniversaire des massacres du 8 Mai 1945, Bouteflika s'est montré dur. Violent. Virulent. Et le mot est faible. “Pour une centaine d'Européens tués, on estimera à plusieurs dizaines de milliers les Algériens assassinés non pas parce qu'ils combattaient les armes à la main le colonialisme, mais pour ce qu'ils étaient des êtres humains aspirant à vivre au rythme de leur liberté en tant que peuple autonome, ce qui est la définition même de ce que l'on appelle un génocide.”
Adressant une sévère mise au point aux artisans et autres défenseurs et promoteurs de la loi du 23 février (fût-elle amputée de l'un de ses articles les plus polémiques), il dressera un réquisitoire sans complaisance de la mission “décivilisatrice” (pour reprendre sa propre formule) de l'entreprise coloniale en Algérie : “À défaut de les détruire physiquement, le colonialisme français va s'employer à paupériser, précariser, déculturer, en un mot à déciviliser l'immense majorité du peuple algérien. (…) En 1954, au moment où la contre-offensive militaro-politique du peuple algérien se déclenche, d'après les sources françaises elles-mêmes, plus de 90% des Algériens sont analphabètes en arabe et en français. (…) Toujours en 1954, l'Algérie musulmane ne comptait pas un seul ingénieur.” Et d'accabler ceux qui parlent d'effets positifs de la colonisation : “Dans ces conditions, si parler de mission civilisatrice de la colonisation française pendant la période de la domination coloniale relevait d'une mystification utile pour la reproduction du colonialisme, parler aujourd'hui de positivité du colonialisme (…) tient au mieux de la cécité mentale, au pire de la réactualisation sous forme de fantasme d'un délire de puissance dont les effets ne peuvent qu'être dommageables pour les peuples algérien et français.” Exprimant la profonde déception des Algériens, Bouteflika n'exige pas moins que des excuses solennelles de la France officielle comme qui voudrait en découdre une fois pour toutes avec le lourd héritage colonial : “Je me dois de dire que nous aurions aimé que de grandes voix françaises se lèvent pour enrayer la résurgence de ces relents nauséabonds et libérer l'avenir de ces sinistres remugles d'un passé aboli. Il eut sans doute mieux valu, dans l'intérêt de nos deux peuples et de leur amitié (…), que des Français disent à d'autres Français, de manière calme et ferme : Oui, notre aventure coloniale a été génocidaire. Oui, colonisation n'a pas rimé avec modernisation, mais avec décivilisation. Oui, notre Etat doit se purger de sa face obscure, de sa face colonialiste et pour cela, comme l'ont fait d'autres Etats à travers le monde, présenter ses excuses aux peuples auxquels il a imposé son oppression colonialiste et en particulier au peuple algérien qui l'a subie de manière si longue, si brutale, si multiforme, si génocidaire.” Il dénonce sans ambages les “oui-mais” et autres “valses-hésitations” de la France, effets, dit-il, d'un “évanescent” devoir de mémoire. D'après lui, “le peuple algérien (…) n'a eu droit qu'à un “strip-tease” désordonné, ridicule et nauséeux.”
Sa recette pour “dépasser le passé” ? “Il serait bon que nous prenions appui sur ces données tangibles pour construire une amitié fondée sur la résilience de l'immense traumatisme induit par le colonialisme et délibérément tournée vers l'invention du futur.” Dans la foulée, il distille même une pique à Sarkozy et à son plan d'une “immigration choisie” pour brandir son veto à l'occasion : “Il faut d'ores et déjà s'atteler à une gestion concertée, humaine et fluide de la circulation des personnes ainsi que des flux migratoires sans laquelle l'amitié ne serait qu'un vain mot.”
Ne voulant pas tout mélanger, le chef de l'Etat a tenu, toutefois, à nuancer son propos en faisant clairement le distinguo entre le colonialisme comme système (un peu comme l'Amérique d'Abou Ghreib) et la “France d'en bas”, et tout particulièrement ses porteurs de valise : “Nous n'avons jamais confondu la nation française, le peuple français, ni même l'Etat français avec le colonialisme français qui a été sa face obscure.”
Et de conclure par une sentence sans concession : “Il est évident que depuis le 5 juillet 1962, chacun est maître chez soi et qu'il n'est aucunement question de notre part d'exercer quelque pression que ce soit pour obtenir ce qui semble être le droit élémentaire de l'Etat-Nation algérien, à savoir des excuses publiques et solennelles pour le crime de colonialisme commis contre notre peuple.” “Il est évident aussi que l'amitié se construit à deux et que nul ne peut y être forcé. Nos concitoyens et nos concitoyennes doivent savoir que si notre peuple a triomphé au prix de souffrances indicibles du colonialisme paré des oripeaux de la civilisation, ce n'est pas pour succomber aux sirènes d'une amitié cannibale.”
Mustapha Benfodil
Ils ont dit
Me Jacques Vergès : “Bouteflika a raison d'insister sur cette notion de génocide culturel parce que c'est une forme perfide.
Qu'est-ce qu'auraient fait les Français, si les Allemands, quand ils ont occupé la France, faisaient enseigner l'allemand dans les écoles pas le français, ainsi que l'histoire de l'Allemagne ?
Une colonisation sous-entend la négation de l'identité, les conséquences du génocide culturel s'étendent sur une très longue période, on a raison d'insister là-dessus.”
Jean-Louis Planche : “Mon nouveau livre : Sétif 1945, parle du Nord constantinois de 1830 à 1940. il traite de Guelma, de Sétif et leurs régions à partir des documents dont disposaient le ministre de l'Intérieur et le gouverneur pour décider en mai-juin 1945 que faut-il faire ?
Je mets le lecteur à la place du ministre. je dispose des rapports de police, de l'armée, des administrateurs.
Quant au génocide, c'est aux juristes de décider à partir de l'enquête de l'historien.
Je suis nationaliste français et j'apprécie encore mieux la nationalisme algérien.”
Nicole Dreyfus : “Juridiquement parlant, il s'agit bien d'un génocide, d'une répression très violente allant jusqu'au massacre contre une communauté ethnique de même religion, de mêmes traditions et animée d'une volonté de contestation du pouvoir colonial”.
Dr Mohamed Korso, président de la Fondation du 8 Mai 1945 : “On a parlé du rôle positif des médecins de la colonisation en Algérie. Les travaux de nombreux historiens font état de progrès de la médecine coloniale en Algérie qui a vaincu le paludisme grâce aux indigènes pris comme cobayes.
Le Dr Ruckert de Guelma, milicien notoire, choisissait ses victimes durant les sanglants mois de mai-juin 1945 parmi celles qui lui paraissaient aptes à des réactions fortes, il les tenait doucement, il prenait tout son temps. Quelle différence y a-t-il entre le Dr de la colonisation Bodichon qui écrivait en 1845 :
“Peu importe que la France, en sa conduite politique, sorte quelquefois des limites de la moralité vulgaire, l'essentiel est qu'elle constitue une colonie durable.”
Propos recueillis par B. Nacer


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