Le gel des activités de notre organisation, à cette époque-là, avait privé la population d'une élite scientifique libre et crédible. La tragédie avec la mort de 200.000 Algériens, qu'a connue l'Algérie aurait pu être évitée selon Abderrahmane Chibane. «Si des facteurs politiques conjoncturels n'avaient pas empêché la poursuite par l'association de ses activités après l'Indépendance, l'Algérie n'aurait pas connu les crises violentes dont elle continue à subir les conséquences», a déclaré Abderrahmane Chibane au terme du 3e congrès, reconduit à l'unanimité, à la tête de l'Association des uléma musulmans algériens (Auma) pour un mandat de cinq ans. Déplorant cette absence, M.Chibane estime que «le gel des activités de notre organisation, à cette époque-là, avait privé la population d'une élite scientifique libre et crédible prônant la sagesse et la dialectique constructive et a ouvert la voie à des courants de tous bords». Le discours de M.Chibane a touché à plusieurs questions. Il a ainsi blâmé sévèrement certains chrétiens, les soufis, les zaouïas et même les candidats à la mort, les harraga. Pour ce qui est de l'évangélisation, l'orateur a fustigé certaines catégories de chrétiens: «Cette catégorie est malhonnête. Elle a pour objectif de diviser notre société pour créer une partie qui combat nos valeurs sous le couvert de la liberté du culte et avec de l'argent», a-t-il dénoncé. M.Chibane a évoqué la question identitaire en rappelant des «vérités» sur ce qu'il a nommé les «Arabes et les Amazighes». M.Chibane a insisté sur le fait que «l'Islam nous a unis depuis 14 siècles et au bout, un élément a été créé: l'Algérien, dont la mère est l'Algérie et le père l'Islam». M.Chibane a affirmé que son association a signé une convention avec l'Association suédoise islamique. A en croire ses propos, cette convention a pour but de défendre le Prophète sur le sol européen et aussi de construire une mosquée au coeur de Stockholm, elle portera le nom de Abdelhamid Benbadis. L'ASI compte selon l'intervenant plus de 20.000 adhérents. Etaient invités Chadli Ben Djedid, Ali Kafi, Abdelaziz Belkhadem, Mouloud Hamrouche, certains dirigeants du FIS dissous et les chefs de l'ex-AIS (Armée Islamique du salut). Aucune organisation n'avait auparavant réuni tous les types d'appartenance intellectuelle et idéologique, comme l'a fait le troisième congrès de l'Auma. Cheikh Chibane offre un espace politique inédit. Nous n'avons jamais vu Chadli Ben Djedid et Ali Kafi, respectivement ex-président de la République et ex-président du Haut Conseil de l'Etat rencontrant les dirigeants de l'ex-FIS.