Au moment où les services sécuritaires algériens ont appelé au durcissement des sanctions, d'autres parties sont allées jusqu'à verser des sommes d'argent pour ces mêmes harragas. Vu les conditions climatiques plus douces, les harragas qui forment d'importants réseaux dans plusieurs régions du pays, s'agitent et multiplient leurs tentatives de rejoindre d'autres cieux. En dépit des assurances des services sécuritaires appelés à surveiller les côtes algériennes qui ont annihilé plusieurs tentatives, ces migrants clandestins sont prêts à tout oser afin de vivre ailleurs. Mettant leur vie en péril, ils tentent de tromper la vigilance des polices côtières, en alerte ces derniers jours de printemps, où le climat est plus doux. Ce phénomène de la harga divise les hauts responsables. Alors que les services sécuritaires concernés ont appelé, à cor et à cri, au durcissement des sanctions pour que régresse ce malheur, d'autres parties sont allées jusqu'à verser des sommes d'argent pour ces mêmes harragas sauvés in extremis d'une mort certaine. Cette «consolation» les conduit, malheureusement, à tenter autant de fois que possible leur ruse pour s'échapper au contrôle. Le spectacle terrifiant qui s'est produit en Tunisie démontre que tous les réseaux de harragas profitent de ces moments à bas risque, même si le risque est patent. En effet, cinquante morts et 16 rescapés, tel est le nouveau bilan du drame des migrants clandestins dont l'embarcation partie de Libye a été emportée par des vents forts, samedi, au large des côtes tunisiennes. Partis pour Lampedusa, une île italienne où des milliers de Maghrébins dont des centaines d'Algériens, ont péri, ces malheureux migrants n'ont pas pu réaliser le rêve d'antan: rejoindre le Vieux Continent. La quasi-totalité des migrants étaient des ressortissants d'Afrique subsaharienne, dont des Camerounais, des Kenyans, des Ivoiriens et des Nigérians. Ces Africains ont été surpris par d'autres entraves, mécaniques. Leur rêve s'est vite transformé en cauchemar. Après l'arrêt du moteur de leur zodiac suite à une panne sèche, ce groupe a vu plusieurs de ses membres succomber à la faim, à la soif et au froid après avoir passé cinq jours et cinq nuits dans cette situation désespérée. Leurs cadavres ont été jetés à la mer par crainte d'épidémie. Uniquement 19 jeunes parmi le groupe, finiront le voyage sur la plage de Bekkalta, à 180km au sud-est de Tunis. Parmi eux figuraient 3 morts et 16 miraculés. Etant «dans un état physique et psychologique alarmant», les rescapés ont été transférés à l'hôpital de Mahdia. A la suite des soins nécessaires, ils ont été gardés sous surveillance médicale. Par ailleurs, il convient de préciser que l'hebdomadaire tunisien fait état de deux autres tentatives d'émigration irrégulière déjouées ces derniers jours par les services de sécurité tunisiens. Dans la première tentative, 15 jeunes Tunisiens ont été arrêtés et trois autres ont réussi à prendre la fuite. C'est, d'ailleurs, cette minorité qui trompe la vigilance des gardes-côtes qui «incite» des jeunes issus des deux sexes, des mineurs, des universitaires...et des pères de familles à tenter cette «mésaven-ture.» Quant à la deuxième tentative, 12 personnes étaient impliquées. Aujourd'hui, le phénomène des harragas a pris des proportions tragiques et alarmantes devant le flux grandissant de ces «va-t-on au suicide» sur des embarcations de fortune considérées comme de véritables cercueils flottants.