Pas moins de 55 Algériens croupissent dans les prisons libyennes depuis des années. Le Premier ministre libyen, El Baghdali Ali El Mahmoudi, est attendu aujourd'hui à Alger pour une visite officielle de deux jours. Plusieurs thèmes qui fâchent seront abordés au cours de cette visite à laquelle participe une importante délégation ministérielle libyenne. Les projecteurs seront, sans doute, braqués sur deux questions qui nuisent aux relations entre les deux pays. Il s'agit de l'affaire des prisonniers algériens qui croupissent dans les geôles libyennes, et, à un degré moindre, de la crise des Touareg du Mali. Depuis plus d'une année il y a de l'eau dans le gaz entre les deux pays: pas moins de 55 Algériens croupissent dans les prisons libyennes. Selon certaines informations rapportées par la presse nationale, cinq parmi ces prisonniers sont condamnés à avoir la main coupée, tandis que plusieurs autres sont condamnés à mort, et seront exécutés sous peu. Il convient de souligner, dans cette optique, que le gouvernement algérien a été, à maintes reprises, sollicité par les familles de ces prisonniers, afin d'intervenir pour libérer leurs enfants. Le ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, Abdelkader Messahel, a affirmé, mercredi dernier, que «la dimension humaine doit prévaloir dans les relations bilatérales entre l'Algérie et la Libye». Intervenant lors de la rencontre préparatoire à la visite du Premier ministre libyen, ayant regroupé des experts des deux pays, M.Messahel a souligné la nécessité de «consolider la coopération, le rapprochement et la solidarité au mieux des intérêts communs des deux peuples». Le ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines a, en outre, reconnu, qu'en dépit de tout ce qui a été réalisé, la coopération entre les deux pays «connaît des difficultés qui entravent son développement et empêchent la réalisation des programmes bilatéraux.» A en croire Abdelkader Messahel, plusieurs secteurs de coopération «sont dans l'impasse et des projets d'investissement n'ont pas été concrétisés comme convenu alors que le volume des échanges commerciaux demeure, lui, insignifiant.» Parmi les secteurs qui connaissent des difficultés en matière de coopération, le ministre a cité l'énergie et la circulation des personnes. Revenant sur ce sujet, on ne peut plus délicat, qui freine les relations algéro-libyennes, M.Messahel a insisté qu'il «convient de protéger et d'en garantir les droits en levant tous les obstacles qui se posent à la circulation des personnes et des biens». Et d'ajouter: «La dimension humanitaire doit être dûment valorisée dans les relations qui lient les deux pays.» Le ministre a appelé les experts des deux pays à préparer «des propositions pratiques en matière de coopération bilatérale et à trouver des solutions adéquates aux questions restées en suspens». De son côté, le secrétaire du Comité populaire libyen des forces ouvrières, de la formation et de l'emploi, M.Mohamed Maâtouk, a affirmé que «la délégation libyenne est venue en Algérie déterminée à dépasser les entraves de coopération et les questions superficielles (...) pour que nous puissions décider des domaines de coopération au mieux des intérêts de nos deux peuples». En dépit de ces entraves qui bloquent les relations bilatérales algéro-libyennes, il n'en demeure pas moins que les observateurs s'accordent à dire que la rencontre d'aujourd'hui portera ses fruits. Vrai ou faux? C'est ce qu'on saura à l'issue de la visite du Premier ministre libyen à Alger.